29 févr. 2008

Les Afriques «Le Maghreb ne peut qu’aller à la rencontre du Sahel»... lire...
«Le Maghreb ne peut qu’aller à la rencontre du Sahel» Pour Ali Bensaad, géographe algérien, il n’est pas dans l’intérêt du Maghreb « de jouer le rôle du supplétif de répression pour le compte de l’Europe » et d’aller ainsi à l’encontre de l’indispensable intégration africaine. Propos recueillis par Yassin Temlali

Il y a une résistance des pays du Maghreb à admettre leur nouveau statut de pays d’accueil, car il implique des réponses juridiques et sociales qu’ils ne sont pas encore disposés à donner.
Les Afriques : Les flux migratoires subsahariens vers les Etats du Maghreb semblent beaucoup plus importants que par le passé. Qu’est-ce qui explique leur développement rapide ?
Ali Bensaad : La migration subsaharienne vers le Maghreb n’est pas nouvelle, mais elle a acquis une plus grande visibilité depuis qu’elle s’est greffée sur la circulation migratoire irrégulière entre le Maghreb et l’Europe et qu’elle est devenue une préoccupation pour l’Europe. Il est vrai que longtemps, elle n’a concerné que les régions sahariennes. Les Etats maghrébins s’en sont bien accommodés tant qu’elle restait au Sahara. Le taux d’urbanisation au Sahara est plus élevé que dans le reste des territoires, avec une forte concentration dans des villes de plus de 100000 habitants. L’agriculture se développe, proportionnellement, plus qu’au Nord. Les Maghrébins disent, à juste titre, que leur population a contribué à construire l’Europe. Les Subsahariens peuvent dire que le Sahara n’aurait pas pu être ce qu’il est sans eux. Graduellement, la migration subsaharienne a fini par se diffuser vers le Nord et les métropoles littorales et attirer des Africains plus lointains que les seuls Nigériens, Maliens et Sénégalais. Les flux migratoires vers le Nord ne s’expliquent donc pas par l’attraction européenne, même si celle-ci participe, maintenant, à les doper. Ils sont le produit du développement du Maghreb et de son rapprochement, à travers le Sahara, du Sahel.















LA : Hormis les rapports de police, nous possédons peu d’informations sur l’immigration subsaharienne dans les pays du Maghreb…
AB
: Même les rapports de police ne concernent que les refoulements de migrants censés être là « en transit vers l’Europe ». Ils occultent ceux, beaucoup plus nombreux, qui sont installés sur le sol maghrébin et y travaillent. En Algérie, comme ailleurs au Maghreb, les services de sécurité possèdent les chiffres sur l’émigration subsaharienne mais ils ne les rendent pas publics. L’Office algérien des statistiques (ONS, Algérie, NDR) a mené une enquête sur ce phénomène, mais les résultats de cette enquête restent à ce jour inconnus.Il y a une résistance des pays du Maghreb à admettre leur nouveau statut de pays d’accueil, car il implique des réponses juridiques et sociales qu’ils ne sont pas encore disposés à donner, surtout qu’ils reproduisent à l’égard des migrants africains, en les aggravant, les ségrégations subies par leurs propres migrants en Europe.Pour l’Algérie uniquement, on estime le nombre de migrants subsahariens à plusieurs dizaines de milliers, soit entre 100 et 300 000. Si les détails vous intéressent, je vous renvoie à une étude que j’ai faite et dont une partie porte sur tous les enjeux et manipulations autour des chiffres (publiée sur le site de l’European University Institute, NDR). Les villes sahariennes comme Agadez, Tamanrasset ou Sebha, sont depuis très longtemps de véritables tours de Babel africaines, avec près de la moitié de la population constituée de migrants d’une vingtaine de nationalités !
LA : Sur ces dizaines de milliers de migrants, quelle est la proportion de ceux pour qui le Maghreb est une « destination finale » ?
AB
: L’écrasante majorité de ces migrants est présente au Maghreb pour y travailler. Mais ils ne sont pas forcément très visibles parce qu’ils s’installent essentiellement dans les villes du Sahara. Il y en a plus d’un million dans un pays riche comme la Libye, et même dans un Etat aussi pauvre que la Mauritanie il y en a 300000, chiffre cautionné officieusement par les autorités car l’immigration dans ce pays est davantage admise. Les villes sahariennes (Agadez, Tamanrasset, Sebha) sont depuis très longtemps de véritables tours de Babel africaines, avec près de la moitié de la population constituée de migrants d’une vingtaine de nationalités ! Dans les années 90, les autorités locales de Tamanrasset (extrême sud algérien, NDR) estimaient que les migrants constituaient les deux tiers de la population de la ville et on en expulsait déjà dans les années 70 et 80, même si une bonne partie des expulsés étaient alors des Touaregs nigériens et maliens. La Libye, depuis les années 70-80, accueille et expulse par centaines de milliers des migrants africains. Et pourtant, à l’époque, on ne parlait pas d’elle comme d’un « pays de transit » pour l’Europe !
LA : Comment appréciez-vous l’attitude des Etats du Maghreb vis-à-vis de la politique européenne dite de « lutte contre l’immigration clandestine » ?
AB
: L’émigration a toujours été un noeud de crispation dans les relations euro-maghrébines. Avec l’apparition de Subsahariens, l’Union européenne fait pression sur les Etats du Maghreb les invitant à « maîtriser leurs frontières », non seulement avec elle mais aussi avec les Etats africains limitrophes. Pratiquement tous les pays maghrébins, entre 2003 et 2007, ont légiféré des mesures plus restrictives de circulation sur leur territoire. A l’égard des migrants africains, ils amplifient les dépassements et les violations qu’ils exercent déjà aux dépens de leurs citoyens.Il n’est pas dans l’intérêt de ces pays de jouer le rôle du supplétif de répression pour le compte de l’Europe et d’aller à l’encontre de leur profondeur historique et géostratégique. L’émigration noire africaine vers les Etats du Maghreb, je le répète, est consubstantiel au développement économique de ces Etats. L’avenir de l’Afrique est dans son intégration. Le Maghreb ne peut, en se développant, qu’aller à la rencontre du Sahel. C’est fatalement la logique du NEPAD et de la transsaharienne alors même qu’elle est inachevée ! Faut-il y renoncer ? L’Algérie et le Nigeria ont raison de vouloir la financer, en dehors même de l’espace de leurs pays. En agissant ainsi, ils ne font que reconstituer l’axe du commerce transsaharien qui fut, il y a plus de douze siècles, l’une des premières phases de mondialisation. Les Afriques 28-02-2008

27 févr. 2008

Un congélateur qui pourrait sauver le monde
Le 26 février, un étrange entrepôt [a été] inauguré dans l'archipel norvégien du Svalbard, dans l'Arctique. Il s'agit d'y conserver des échantillons de graines et semences en tous genres – pour que l'humanité ait quelque chose à replanter en cas de cataclysme, explique The Independent. Rien que le nom évoque un vestige de la guerre froide ou un film de James Bond : on en parle comme du "coffre-fort de l'Apocalypse", et il repose au cœur d'un glacial bunker de béton et d'acier, à plus d'une centaine de mètres dans le permafrost montagneux d'un archipel de l'Arctique. Pourtant, la réserve mondiale de semences du Svalbard constitue la dernière tentative de l'humanité pour se doter d'une Arche de Noé des temps modernes, sorte de police d'assurance planétaire dans l'éventualité d'une catastrophe, comme de violents bouleversements climatiques provoqués par le réchauffement. Après des dizaines d'années consacrées à la planification et aux travaux de construction, la réserve est officiellement opérationnelle [depuis le] 26 février. Premier entrepôt mondial de stockage de graines, il a la capacité d'abriter jusqu'à 4,5 millions de types de semences provenant de toutes les variétés connues des principales cultures vivrières de la planète. Sa construction a coûté 6 millions d'euros. Il peut résister à des tirs de missiles nucléaires et même à une montée cataclysmique du niveau de la mer, qui pourrait résulter de la fonte simultanée de la banquise du Groenland et de l'Antarctique. Il a pour but de permettre de réimplanter des cultures et des végétaux s'ils venaient à disparaître de leur environnement naturel ou étaient détruits lors de grandes catastrophes. Pour Cary Fowler, membre du Global Crop Diversity Trust, à l'origine du projet avec la Banque génétique nordique de Norvège, le dépôt est "l'endroit idéal" pour stocker des semences. Il se compose de trois grandes chambres froides étanches logées dans un long tunnel en forme de trident, creusé à travers le permafrost dans le flanc d'une montagne de calcaire et de grès. L'archipel norvégien du Svalbard est situé à environ 1 000 kilomètres du pôle Nord, à l'intérieur du cercle arctique. Aucun arbre n'y pousse, mais on y dénombre quelque 2 300 habitants. Ces îles ont été choisies du fait de leur climat hostile et de leur inaccessibilité. En hiver, il y règne une température moyenne de - 14 °C. Le dépôt est protégé par de hautes murailles de béton renforcé, des portes d'acier blindées, et une garde d'ours polaires en maraude. "L'installation est conçue pour abriter deux fois plus de variétés de semences que celles dont nous connaissons l'existence, explique Fowler. Il ne sera pas rempli de mon vivant, ni du vivant de mes petits-enfants, mais, à de telles températures, les graines de végétaux essentiels comme le blé, l'orge et les pois peuvent survivre pendant mille ans", ajoute-t-il. Grâce au permafrost et à la roche qui entourent les tunnels, les échantillons resteront congelés, même en cas de panne du système de réfrigération ou d'augmentation de la température extérieure due au réchauffement planétaire. "Pour la planète, c'est une police d'assurance", déclare Fowler. Le 26 février, quand José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, et l'environnementaliste Wangari Maathai, lauréate du prix Nobel de la paix [en 2004], arriveront au Svalbard pour l'inauguration, le dépôt contiendra déjà quelque 250 000 échantillons. Les scientifiques impliqués dans le projet ont fait remarquer qu'une partie de la biodiversité mondiale avait déjà été mise à mal par les guerres et les catastrophes naturelles. Des réserves génétiques ont disparu en Irak et en Afghanistan à la suite de l'invasion américaine, et des banques de semences ont succombé à des catastrophes naturelles aux Philippines et au Honduras. Le dépôt du Svalbard semble d'ores et déjà avoir survécu à sa première épreuve écologique. Le 21 février, ce que l'on a présenté comme "le plus grand tremblement de terre de l'histoire de la Norvège", une secousse d'une magnitude de 6,2, a été enregistré près de l'archipel. Tony Peterson The Independent

20 févr. 2008

LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION
Le CILSS pour une implication des populationsOuagadougou abrite du 18 au 20 février 2008, la table ronde régionale de partage des résultats de la deuxième phase du Projet de communication participative (PCP) en appui aux actions de lutte contre la désertification. La rencontre est à l'initiative du Comité permanent inter-états de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS). Le secrétaire général du ministère de l'Environnement et du Cadre de vie, Alain Edouard Traoré, a présidé le lundi 18 février dernier, la cérémonie d'ouverture des trois journées d'échanges.Avec l'appui du Centre de recherche pour le développement international (CRDI), le Comité permanent inter-états de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) a initié le Projet de communication participative (PCP) intitulé : "intégration de la Communication participative dans les actions de lutte contre la désertification au Sahel (Phase II)". Du 18 au 20 février 2008 à Ouagadougou, se tient la table ronde régionale de partage des résultats dudit projet. Le secrétaire exécutif du CILSS, Alhausseini Bretaudeau, a indiqué que les échanges visent à assurer la pleine participation des populations aux actions initiées à leur profit : "Comment passer du concept de bénéficiaires à celui d'acteurs, afin que les communautés deviennent les véritables maîtresses de leur destin ?" Cette interrogation pose donc le problème de l'implication des populations aux chantiers de développement. Dans ce sens, le secrétaire général du ministère de l'Environnement et du Cadre de vie, Alain Edouard Traoré, a laissé entendre que "sans les populations il n'y a pas de développement". Aussi, les participants devront réfléchir sur les instruments d'évaluation des outils de communication développés au cours de la deuxième phase du PCP, les besoins et opportunités dans les différents pays en vue d'une recherche-action en appui aux actions de lutte contre la désertification et pour la préservation des ressources naturelles au Sahel. Guy Bessete, administrateur principal du programme de recherche du CRDI, s'est appesanti sur la contribution de la recherche au développement. Selon lui, 80% des budgets alloués il y a quelques années à la communication, ne semblent pas produire les résultats escomptés. Toute chose justifiant la tenue d'une telle rencontre. Débuté en juillet 2004 pour trois années, la deuxième phase du PCP mis en oeuvre en Gambie, en Mauritanie et au Burkina Faso a permis de mettre en place des mécanismes de développement communautaire. Les résultats obtenus sur le terrain ont été positivement appréciés. Par Philippe BAMA LE PAYS 20 02 08
Karité, l'or des femmes
PROTECTION DE L'ARBRE A KARITE: 4 organisations maliennes et burkinabè se donnent la main
Le projet d'appui aux initiatives paysannes pour la gestion durable des ressources du karité dans les territoires villageois du Mali et du Burkina a été lancé le 12 février dernier à Dédougou. La salle de conférences du centre Di Alfred Diban de Moundasso a servi de cadre à la cérémonie présidée par Ouétien Tibiri, président du conseil régional de la Boucle du Mouhoun, entouré des directeurs régionaux et un panel d'invités. Prévu pour durer 3 ans, ce projet qui est une initiative de l'intercoopération du Sahel sera coordonné par l'agence Corade au Burkina et Bacil au Mali, et permettra à 4 organisations paysannes maliennes et burkinabè de mener des actions pour la sauvegarde et la protection à long terme des peuplements de karité.Levier de la lutte contre la pauvreté en milieu rural, le karité (Vitellaria paradoxa) est de nos jours, selon des chercheurs, menacé de disparition au Mali et au Burkina qui sont parmi les plus grands producteurs mondiaux de karité. Cette essence n'en est devenu que plus vulnérable et ne parvient plus à régénérer, principalement à cause de la disparition progressive des jachères. Face à cette menace et compte tenu des importantes fonctions écologiques, alimentaires, économiques et culturelles du karité, l'intercoopération du Sahel, avec l'appui de la coopération suisse, a initié le projet "Shisun" pour le renforcement des femmes dans la gestion du karité au Mali et au Burkina. La fédération des producteurs professionnels de la Sissili (FEPPASI) et l'Union provinciale des producteurs de coton des Banwa (UPPCB) au Burkina, l'union des femmes productrices de karité des cercles de San et de Tominian (ASPROFER) et l'association des femmes rurales de Koutiala (CESIRI) au Mali sont les quatre organisations paysannes qui sont appuyées par le projet pour la gestion durable du karité. Trois ans durant, ces organisations paysannes burkinabè et maliennes vont, non seulement mettre en oeuvre des stratégies d'incitation à la protection du karité au sein des communautés, mais aussi définir un plaidoyer auprès des autorités publiques nationales et régionales afin qu'elles considérent le karité comme une filière porteuse et prennent des mesures qui améliorent la protection de la ressource. Selon Alexis Kaboré de l'agence Corade, le choix des femmes s'explique par le fait que les femmes rurales restent les principales actrices sur laquelle repose l'ensemble de la filière karité, aussi bien du point de vue de la récolte, de la transformation que de la commercialisation. Le ramassage des fruits, le conditionnement des amandes, la transformation en beurre et la vente de produit prétransformé, sont des activités exclusivement féminines. Elles sont également les principales utilisatrices des espaces de savane et de parcs agroforestiers. Malheureusement, ces femmes rurales disposent de peu de pouvoir de décision et sont souvent tenues à l'écart de la gestion du foncier rural et des ressources naturelles. L'objectif à atteindre au cours des trois années, c'est d'arriver à la participation active des femmes dans les décisions au niveau des villages, toute chose qui va déboucher sur l'amélioration durable de la gestion des parcs agroforestiers au Burkina et au Mali. Pour y parvenir, des activités de sensibilisation, d'information sur les méfaits de l'abattage de karité, la destruction de jeunes plants dans les champs, la cueillette des fruits immatures devront être menées. Aussi, des journées de protection, de production et de plantation des pieds de karité, l'installation de vergers à karité ainsi que des rencontres de concertation avec les chefs d'exploitation et les chefs coutumiers devront être organisées. Le temps est certes court pour de si grandes ambitions. Mais pour le chargé du programme d'intercoopération au Sahel, Célestin Dembélé, le pari est d'arriver à développer des mécanismes de diffusion qui permettent d'avoir un effet levier et attirer un maximum d'acteurs autour de la gestion du karité. Selon lui, de nombreuses initiatives sont en cours tant au niveau des familles paysannes que des instituts de recherches, avec divers essais de domestication, mais surtout de gestion et d'exploitation multifonctionnelle des savanes et parcs agroforestiers avec des processus de négociation entre tous les acteurs locaux impliqués. Le projet va travailler au renforcement des cadres de concertations et d'échanges entre les acteurs de niveaux intermédiaires au Burkina et au Mali. La promotion de réseaux de formation et d'information privilégiant la participation des femmes, la facilitation de processus pour la construction collective de connaissances et de leur diffusion, et le renforcement des capacités de plaidoyer des actrices et acteurs auprès des collectivités territoriales décentralisées, des services techniques déconcentrés et de l'Etat pourront contribuer à l'atteinte des objectifs. Tout en se réjouissant du choix de sa région pour le lancement officiel du projet, le président du conseil régional a invité les femmes, principales actrices de la filière karité, à mettre à profit l'accompagnement du projet pour conquérir leur place légitime dans les espaces où l'avenir du karité se dispute. Aussi a-t-il pris l'engagement de faciliter l'établissement des synergies nécessaires au succès du projet. La trentaine de membres des deux organisations faîtières burkinabè présente à la cérémonie a, pendant 72 heures, examiné les éléments du projet, son cadre logique, et élaboré un programme pour l'année 2008, échangé avec les conseils régionaux sur les dispositions de partenariat. Par Serge COULIBALY
Photos: http://www.capsurlemonde.org/faso/karite2.html

5 févr. 2008

RADIOACTIVITÉ - Un Touareg contre la pollution nucléaire... lire:

















"Un Touareg contre la pollution nucléaire. L'uranium de nos centrales est-il vraiment si propre? A Arlit, petite ville minière au Niger, les habitants vivent au quotidien avec la radioactivité. Témoignage."