Paix et éducation en tête des priorités des communautés pastoralesISIOLO, 11 juillet 2007 (IRIN) - Pour les communautés pastorales en Afrique, vivre en paix et garantir à leurs enfants l’accès à un système d’éducation adapté à leur style de vie nomade sont des préoccupations majeures, ont dit le 9 juillet leurs représentants lors d’une rencontre organisée à Isiolo, au Kenya. « La question du programme scolaire est importante pour comprendre [ces communautés] », a dit Ali Wario, conseiller pour les programmes spéciaux auprès de la pré
sidence kényane. « Imaginez de prendre beaucoup de temps pour enseigner à un enfant à Mandera [dans le nord du Kenya] comment planter des haricots alors que cet enfant pourrait apprendre à tanner le cuir, étant donné que c’est la ressource disponible. » Lors de l’inauguration de l’atelier de trois jours à Isiolo qui a réunit plus de 70 participants, M. Wario a souligné que les enfants dans les zones pastorales du Kenya ne manquaient pas seulement d’un accès à l’éducation, mais même lorsque celui-ci était possible, les programmes étaient souvent peu adaptés au style de vie des communautés nomades. « Nous devons avoir des écoles mobiles dans les zones pastorales si nous voulons que les enfants profitent du système d’éducation », a-t-il plaidé. Au-delà de l’éducation, a-t-il ajouté, les communautés pastorales manquent aussi d’accès aux marchés à bestiaux, à la propriété foncière et aux systèmes de baux pour maintenir leur style de vie. Ils ont également des difficultés à accéder au crédit auprès des institutions financières, dans la mesure où le bétail n’est généralement pas considéré par ces institutions comme une garantie pour l’obtention d’un prêt. L’atelier d’Isiolo était organisé par le département de l’Economie rurale et de l’agriculture de l’Union africaine (UA), le bureau interafricain de l’UA pour les ressources animales (IBAR), et la Pastoralist Communication initiative du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires. Cet atelier, le premier organisé dans le but de poser des bases permettant d’élaborer une politique pastorale en Afrique, a réuni des participants venus de 15 pays du continent, de même que des décideurs poli
tiques et des représentants des Nations Unies et d’autres organisations internationales. Parmi les sujets en discussion figurent la reconnaissance des communautés pastorales dans les politiques nationales, les relations entre les éleveurs et les agriculteurs, l’accès aux services de base, la vulnérabilité face aux catastrophes naturelles, la parité des genres, de même que la promotion du développement de l’élevage. « L’idée de cet atelier est de s’assurer que le schéma politique qui finira par émerger sera complet », a dit Modibo Traoré, directeur de l’IBAR. « C’est la toute première étape dans ce processus. A la fin, nous espérons qu’il sera possible d’enregistrer quelques succès sur lesquels nous pourrons nous fonder pour formuler une politique pastorale ». Eviter les conflits entre communautésUn sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine, prévu en 2008, discutera du projet de politique qui découlera de ce processus, a expliqué M. Traoré. D’autres ateliers se tiendront, impliquant davantage de personnes concernées par le sujet, notamment des représentants des agriculteurs, a-t-il précisé. La majorité des conflits dans les zones pastorales en Afrique est due à des accrochages entre communautés d’éleveurs et d’agriculteurs sur les questions de l’accès aux ressources comme l’eau et les terres pour les pâturages. Un éleveur du Soudan, Haroun el-Tayeb Haroun, a insisté sur le fait que pour sa communauté, la paix était la question la plus importante. « Nous voulons que la paix soit une réalité au Soudan », a-t-il dit. « Souvent, un conflit dans de nombreuses parties du pays revient à un conflit entre éleveurs et agriculteurs. S’il y avait la paix, les [communautés pastorales] ne seraient pas aussi marginalisées qu’elles le sont aujourd’hui. » M. Haroun, un membre de l’Union pastorale soudanaise, a émis l’espoir que l’atelier puisse aider les communautés pastorales à obtenir une plus grande reconnaissance et davantage de visibilité sur le continent. « L’atelier reflète bon nombre des problèmes auxquels l’Afrique est confrontée », a-t-il analysé. « Nous espérons que le processus que nous avons lancé aujourd’hui [lors de l’atelier] nous aidera à trouver des solutions à ces problèmes, particulièrement ceux auxquels sont confrontées les communautés pastorales ».
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