1 juil. 2007

SAHARA: TERRE D'HISTOIRE

Histoire du Sahara
Une foule de vestiges archéologiques – silex taillés, peintures rupestres (Fezzan, tassili des Ajjer, Tibesti, Hoggar) – attestent la présence de groupements humains, assez fortement densifiés pendant au moins trois millénaires, de 5000 à 2000 av. J.C. Occupé par l'homme dès le Paléolithique, le Sahara a vu se succéder, au Néolithique, plusieurs civilisations, dont les peintures et gravures rupestres portent témoignage: la civilisation dite des chasseurs ou du bubale (VIe millénaire), celle dite des pasteurs à bovidés (IVe‑IIIe millénaire) et, vers la fin du IIe millénaire, celle du cheval, qui permit aux Garamantes d'affirmer leur supériorité sur les peuples noirs. Au cours du Ier millénaire avant notre ère, la région s'assécha progressivement et, au IIe siècle av. J.C., le dromadaire fut importé d'Arabie. Grâce à lui, le trafic caravanier allait désormais assurer les échanges entre l'Afrique méditerranéenne et le Soudan.
Les Romains, le long de la côte méditerranéenne, établirent en Libye et en Tunisie des colonies dont l'apogée se situe vers le IIe siècle apr. J.C. En l'an 750 se diffuse la religion musulmane depuis le nord du Sahara. Des royaumes berbères ont étendu leur influence sur la ceinture occidentale, du Sénégal au Maroc; ils vont dans un premier temps organiser le commerce soudano‑méditerranéen, fondé sur l'or, l'ivoire, le sel, et l'esclavage. Les Touareg (pluriel de Targui) fondent Tombouctou au XIe siècle. Les Maures, quant à eux, s'emparent de l'empire du Ghana et du Sahara occidental. À la fin du XIe siècle, l'islam est implanté sur la majorité du territoire saharien et le long des axes commerciaux desservant le Sahel. Toujours au Moyen Âge, le royaume songhaï et ceux du Kanem, du Bornou, du Ghana et du Mali prennent le contrôle du sud et du centre du Sahara. L'or du Soudan, qui pénètre en Europe, entretient une active économie d'échanges. Les grands événements politiques sont alors étroitement liés au problème de la maîtrise du commerce. Ainsi, les Sanhadjas du Sahara occidental, maîtres de la route de l'or à l'ouest, interviennent au Maroc puis en Espagne, avant de prendre le Ghana. L'empire du Mali, dont l'apogée se situe au XIVe siècle, s'effondre au XVIIe siècle sous les coups des Toucouleurs et des Bambaras. L'Empire songhaï est anéanti par le sultan du Maroc en 1591. D'autres royaumes importants (Djenné, Kaarta) se forment.
Les explorateurs européens se risquent dans le Sahara aux XVIIIe et XIXe siècles. Le désert fut traversé par le Britannique Clapperton en 1823, puis par René Caillié en 1826-1828. D'autres encore ont effectué de fabuleux périples: Mungo Park, Heinrich Barth, Alexander Gordon Laing, Henri Duveyrier, Paul Flatters, Parfait Louis Monteil, Henri Lhote.
Après la conquête de l'Algérie, les Français poursuivirent l'exploration du Sahara, puis en conquirent la plus grande partie (prise de Laghouat en 1852, de Tombouctou en 1894, d'In‑Salah en 1902); mais la pacification de la Mauritanie ne s'achèvera qu'en 1934. À la conférence de Berlin (1890), l'Europe se partage le continent noir. La France est favorisée dans la zone saharienne. Les Espagnols avaient créé la colonie du Río de Oro en 1884 et les Italiens s'emparèrent de la Libye entre les deux guerres mondiales. Lors de la décolonisation, l'ancien Sahara français alla en majeure partie à l'Algérie; l'ex‑Sahara espagnol fut partagé entre le Maroc et la Mauritanie, puis annexé au Maroc seul.
Les hommes, avec et sans État Vallée du Nil exclue, on estime entre 2 et 3 millions la population disséminée au Sahara, en périphérie et dans les oasis. La densité moyenne, sans signification, s'élève donc aux alentours de 03 h./km2. La souche arabe l'emporte dans la frange septentrionale, alors que la population berbère subsiste au centre. À l'est sont implantés les Toubous du Tibesti et les Nubiens de l'ouest du Soudan. Avec la tendance à la désertification, accentuée par les sévères sécheresses de 1973 et de 1984, progresse le phénomène de sédentarisation. Nombre de troupeaux ont été décimés, entraînant les Touareg à s'entasser dans des camps de réfugiés. Cantonnés entre l'Algérie, le Mali et le Niger, les «hommes bleus» – expression qui vient de la teinte que donne à leur peau leur voile indigo –, qui parlent le tamacheq et se nomment Imazighen («hommes libres»), ont une situation un peu comparable à celle des Maures sur la façade occidentale du désert: pour les Noirs ils sont des Blancs, et inversement.
Si la Libye et la Mauritanie sont presque entièrement sahariennes, c'est le Sahara algérien qui est le plus vaste. Et alors que la Tunisie ne fait qu'effleurer le désert, celui-ci recouvre la majeure partie des territoires du Mali, du Niger et du Tchad. Le Soudan, l'Égypte et le Maroc (Sahara occidental) peuvent quant à eux estimer que la moitié de leur superficie est occupée par le Sahara.
Si le Sahara fut une frontière naturelle entre les populations africaines et celles des rives de la Méditerranée, des contacts s'établirent très tôt entre les deux communautés. Deux grandes voies de communication ont ainsi vu le jour: la voie nord‑est ‑ sud‑ouest, de la Tripolitaine à l'Adrar des Iforas en passant par le tassili des Ajjer et le Hoggar; la route allant du nord‑ouest au sud‑est, de l'Atlas saharien au Soudan central par le tassili des Ajjer et le Tibesti. Le réseau routier est limité à deux routes reliant l'Algérie au Niger et au sud du Mali. Le réseau ferroviaire, pratiquement inexistant, est organisé autour des centres miniers.

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