1 juil. 2007

TASSILI DES AJJER

Le tassili des Ajjer est un vaste plateau gréseux qui s'étend en bordure nord‑est du Hoggar, au cœur du Sahara algérien (wilayas de Ouargla et de Tamanrasset). Ce plateau gréseux est découpé par l'érosion en d'étroites vallées cernées de hautes falaises: les sommets atteignent 2 254 m dans le massif de l'Adrar.
Inscrit par l'Unesco sur la liste du Patrimoine mondial, c'est l'un des sites préhistoriques les plus importants du continent africain, remarquable surtout par ses peintures et ses gravures rupestres.
Une zone d'occupation très ancienne Cette zone, actuellement désertique, bénéficiait au paléolithique inférieur d'un climat humide. Elle était dotée d'un important réseau hydrographique, et des forêts recouvraient les massifs montagneux où vivait une faune très riche (hippopotames, éléphants, rhinocéros, buffles, girafes, etc.). Plusieurs sites, découverts au milieu du XIXe et au XXe siècle, ont livré des vestiges (des silex principalement) qui attestent la présence de l'homme paléolithique en différents points du Hoggar.

Au paléolithique moyen, le Sahara évolue vers un régime désertique et se couvre d'énormes massifs de dunes. Sans doute la population humaine a-t-elle alors beaucoup diminué, sans toutefois disparaître totalement. Mais la fin du paléolithique est marquée par une seconde phase humide, et les traces de la présence de l'homme deviennent plus nombreuses. Au néolithique enfin, une faune nouvelle (ours, cerfs, mouflons), émigrée de l'Eurasie, occupe cette partie de l'Afrique.
Les peintures et les gravures rupestres: On trouve au Tassili de nombreuses traces de l'homme néolithique; il a laissé des outils, certains objets de la vie quotidienne, et surtout des peintures et des gravures rupestres; les premières sont figurées sur les parois des abris rocheux, tandis que les secondes ont été creusées sur les surfaces lisses et les dalles bordant les lits d'oueds aujourd'hui desséchés.
Ces œuvres, souvent exécutées en grandeur nature, représentent des animaux sauvages (éléphants, girafes, autruches, rhinocéros, etc.) ainsi que des bovidés domestiques. Elles voisinent avec des représentations humaines et décrivent de nombreuses scènes de la vie des peuples primitifs qui se sont succédé dans cette région au cours des millénaires.
La chronologie de ces peintures demeure cependant controversée. Certains n'hésitent pas à faire remonter les plus anciennes d'entre elles à la fin du paléolithique. Henri Lhote, qui s'employa à en faire le relevé, les situe au VIIe et même au VIIIe millénaire. Après avoir noté un certain nombre de styles différents répartis entre des couches superposées, il a établi une chronologie relative, selon laquelle on distingue quatre périodes: celle des chasseurs, celle des pasteurs à bovidés (ou période bovidienne), celle du cheval et celle du chameau.
Les peuples chasseurs Les représentations les plus anciennes seraient dues à des populations de chasseurs: les artistes auraient peint ou gravé sur la roche les animaux qu'ils avaient l'habitude de voir vivre autour d'eux. Ces chasseurs ont certainement utilisé les pointes de flèche que l'on trouve en quantité innombrable à travers tout le Sahara de l'époque néolithique. Outre les animaux sauvages déjà cités, les fresques représentent des êtres humains offrant souvent des caractères raciaux qui les apparentent aux Bochimans et aux Hottentots actuels, ainsi que des personnages schématiques, à tête ronde, armés de bâtons, d'arcs ou de lances. La dernière phase de cette période ancienne est nettement empreinte d'une influence égyptienne.
Les peuples pasteurs Vers le milieu du IVe millénaire apparaissent, à travers tout le Sahara, des peuples pasteurs qui élèvent des troupeaux de bœufs à grandes cornes et de moutons. On leur doit les fresques remarquables qui marquent la période bovidienne du Tassili; ces fresques représentent d'extraordinaires scènes de chasse, des troupeaux de bœufs, tout un bestiaire en mouvement, et de nombreuses compositions où bêtes et gens sont figurés de manière fort vivante et réaliste. C'est à cette époque également qu'apparaît la polychromie; les couleurs utilisées sont le blanc et l'ocre (jaune, bistre, brun et rouge). Certains éléments thématiques – par exemple, la coiffure en cimier des femmes, les vêtements tissés, le modèle des arcs que les personnages tiennent parfois à la main, la forme hémisphérique des huttes représentées – donnent à penser que les auteurs de ces fresques sont les ancêtres des Foulbé. Cette opinion semble confirmée par le fait qu'on reconnaît ici les deux seules races de bœufs (dont le zébu, ou Bos indicus) que les Foulbé élèvent encore de nos jours. Tous ces éléments témoignent des grandes migrations pastorales qui, du IVe millénaire au VIIe siècle après J.C., auraient porté les ancêtres des Foulbés en vagues successives de l'est à l'ouest du continent africain, c’est-à-dire depuis l'Éthiopie (les Foulbés constituent très certainement un rameau du groupe éthiopien) jusqu'au Sénégal.
À la même période bovidienne appartiennent les fresques des stations de Sefar et d'Inaouanrhat. Celles-ci révèlent un art spécifiquement nègre (figures recouvertes de masques négroïdes), et il semble que les peuplades qui habitaient jadis le tassili des Ajjer aient été alors en contact étroit avec d'autres peuples, comme le sont de nos jours les Bororos, une tribu nomade de Foulbés, avec les populations du Tchad et du haut Niger.
La période du cheval La période suivante, dite du cheval, est surtout caractérisée par des fresques représentant des hommes armés, des chevaux ainsi que des chars.
La période du chameau Enfin, les peintures et gravures rupestres semblent indiquer que l'apparition du chameau fut postérieure à celle du cheval; cette période constitue la dernière étape avant le dessèchement progressif du Sahara et la formation du désert.

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