1 juil. 2007

LE DESERT: MODE D'EMPLOI

Qu'est qu'un désert?
Un biome : le désert Paysages de désert dans les pays sous-développés Les déserts Les déserts Le milieu aride est hostile: Vallée de la Mort aux États‑Unis, steppe de la Faim en Asie centrale, désert du Désespoir en Iran oriental. Pourtant, le désert fascine; l'homme découvre dans son sous‑sol des richesses, et dans le silence de ses espaces désolés, trouve un lieu propice à la méditation sur l'agitation du monde. Les plus grands déserts du monde sont le Sahara (8 000 000 km2), les déserts d'Australie (3 500 000 km2) et ceux d'Arabie (2 500 000 km2).
L'aridité:L'existence de déserts chauds (Sahara, désert de Simpson en Australie...) et de déserts froids (désert de Gobi, déserts polaires...) démontre, contrairement à l'idée reçue, que la chaleur n'est pas un critère pour définir les milieux désertiques. Le point commun à tous les déserts est le manque d'eau, l'aridité, qui résulte de la combinaison de plusieurs facteurs climatiques.

La notion d'aridité Les déserts reçoivent moins de 250 mm de précipitations par an, ce qui interdit la croissance d'un tapis végétal continu et laisse apparaître la roche à nu sur de vastes étendues.
L'irrégularité des pluies d'une année sur l'autre caractérise les climats désertiques. Ainsi, à Arica, dans le nord du Chili, si la moyenne annuelle des précipitations est de 06 mm, dix‑huit années peuvent s'écouler sans qu'aucune averse se produise, mais lorsque les pluies se déclenchent, elles s'abattent avec violence.
Dans certains déserts, l'absence de précipitations ne signifie pas absence de vapeur d'eau dans l'air, aussi les précipitations occultes (brouillards, rosée) ne sont-elles pas négligeables: elles représentent 50 mm/an dans le désert du Namib, en Namibie.
Les précipitations, quand elles se développent, ne profitent guère aux déserts. Dans les déserts chauds, en raison des températures du sol élevées (30 à 50 °C), l'évaporation est toujours supérieure à 2 000 mm/an et peut atteindre des valeurs très élevées: 5 000 mm/an à Tamanrasset (aujourdhui Tamenghest, en Algérie). Elle est accrue par la fréquence des vents, réguliers et secs (l'harmattan au Sahara). L'absence de tapis végétal réduit l'infiltration et les rétentions de l'eau dans le sol. La faible humidité relative de l'air (généralement inférieure à 50 %) et le ciel le plus souvent dégagé expliquent également les fortes amplitudes thermiques diurnes: alors que les journées sont chaudes (forte insolation), le refroidissement est sensible dès le coucher du Soleil, et il peut geler en hiver.

Les degrés de l'aridité Un géographe français, Emmanuel de Martonne, proposa, en 1923, un indice d'aridité I, grâce auquel différents degrés d'aridité ont été définis (I = P/T+10), où P est la hauteur moyenne des précipitations annuelles, et T la moyenne des températures annuelles. Plus la valeur de I est faible, et plus la station climatique considérée est aride. En fonction de cet indice, il est possible de distinguer trois types de régions désertiques:
Dans les régions hyperarides, où l'indice d'aridité est inférieur à 5, on trouve des déserts absolus (Tanezrouft au Sahara, désert d'Atacama au Chili...); ces régions ne couvrent que 4 % des terres émergées, et la végétation y est éphémère.
Les régions arides sont celles où les valeurs de I sont comprises entre 5 et 10, représentent 14 % des terres émergées (une grande partie du Sahara, déserts d'Iran, de Thar en Inde, de Sonora au Mexique, d'Arizona...); les précipitations, inférieures à 250 mm/an, alimentent une maigre végétation très discontinue; l'irrigation y est indispensable à l'agriculture;
Les régions semi‑arides ont des valeurs de I oscillant entre 10 et 20, sont des espaces de transition entre les régions arides et les régions subhumides voisines; ces espaces couvrent 125 % des terres émergées (Sahel et Kalahari en Afrique, Chaco en Argentine, Nordeste au Brésil...); la végétation, toujours discontinue, se compose d'espèces buissonnantes, de touffes de graminées et de quelques arbres; les précipitations, comprises entre 250 et 500 mm/an, rendent possibles les cultures sèches.
Les types de déserts L'extension des déserts est de 47 millions de kilomètres carrés, soit environ le tiers de la surface des continents. Par‑delà la diversité des causes climatiques ou géographiques qui sont à leur origine, quatre grands types de déserts peuvent être dégagés: subtropicaux, continentaux, d'abris, littoraux.
Les déserts subtropicaux Ils forment deux chapelets de déserts aux latitudes subtropicales (entre 25° et 35° de latitude nord et sud): dans l'hémisphère Nord, le Sahara, les déserts d'Arabie et d'Iran, le Thar et le Sind en Inde, le désert de Sonora au Mexique; dans l'hémisphère Sud, les déserts du Kalahari et d'Australie.
Ils sont dus à des anticyclones subtropicaux permanents, qui engendrent des masses d'air subsidentes, chaudes et sèches. Ce sont des régions ensoleillées, où les hivers sont tièdes et les étés torrides (station de Faya‑Largeau au Tchad: 204 °C en janvier, 342 °C en juin; 16 mm de précipitations par an, en moyenne).
Les déserts continentaux Situés au cœur des continents, leur éloignement par rapport aux océans est un élément déterminant: les masses d'air océanique, chargées d'humidité, ne les atteignent que très rarement. De plus, en hiver, des hautes pressions (liées au froid) repoussent les dépressions océaniques génératrices de précipitations. Ce type de désert est bien représenté dans l'hémisphère Nord (centre‑ouest des États‑Unis, Asie centrale), où les continents sont plus étendus que dans l'hémisphère Sud. Les précipitations se produisent en été, après la disparition des hautes pressions hivernales, et les hivers sont très froids (station de Kazalinsk au Kazakhstan: − 113 °C en février, + 267 °C en juillet; 108 mm de précipitations par an, en moyenne).
Les déserts d'abris Ils se trouvent «sous le vent», abrités derrière des barrières montagneuses élevées qui s'opposent à la pénétration des masses d'air humide. Ainsi, la cordillère des Andes, orientée nord‑sud, fait obstacle aux vents d'ouest chargés d'humidité, et à l'est de cette chaîne de montagnes s'étend le désert de Patagonie. Les bassins intramontagnards des Andes (Altiplano), des Rocheuses et de l'Himalaya correspondent à ce type de déserts. Ainsi, l'Himalaya empêche la mousson indienne d'atteindre le désert tibétain. Les hivers y sont froids et les étés tempérés (station de Maquinchao en Patagonie argentine: + 13 °C en juillet, + 17 °C en janvier; 173 mm de précipitations par an, en moyenne).
Les déserts littoraux L'influence de courants marins froids dans la zone intertropicale explique l'existence de déserts côtiers jusqu'à des latitudes proches de l'équateur. À leur contact l'air refroidi se stabilise, ce qui empêche les précipitations, mais la vapeur d'eau se condense et les brouillards sont fréquents. Ainsi en est-il des déserts du Namib et de Mauritanie en Afrique, d'Atacama au Chili, de Basse‑Californie au Mexique. Ce sont des déserts brumeux, relativement frais, où l'amplitude thermique est faible et l'humidité relative de l'air forte (station de Lima, Pérou: + 151 °C en août, + 223 °C en février; 35 mm de précipitations par an, en moyenne).
Les formes du relief: Bien que les paysages des déserts soient souvent monotones, la couleur des roches, qui n'est pas masquée par la végétation, est ici facteur de diversité: les plateaux de basalte noir des déserts de Syrie contrastent fortement avec l'Ayers Rock en grès rougeâtre du Grand Désert Victoria, en Australie.
L'action des eaux courantes: L'écoulement des eaux dans les déserts reflète les excès du climat dans ces régions: il est à la fois irrégulier et brutal dans le temps, et discontinu dans l'espace.
Quand une averse est assez abondante pour entraîner un écoulement, l'eau, arrivant sur une surface desséchée, ruisselle. Si cette eau parvient à se concentrer dans des rigoles, elle engendre des ravinements. Les écoulements non concentrés qui persistent et balaient le bas des pentes sont responsables de la formation de vastes plans réguliers, légèrement inclinés: glacis en roche tendre et pédiments en roche dure. Ces derniers sont souvent accidentés d'inselbergs, reliefs résiduels constitués de roches résistantes.
Une partie des eaux de ruissellement se concentre et converge vers les oueds. Ceux-ci, secs pendant des mois, voire des années, se remplissent brusquement. Un flot impétueux, écumeux, chargé de sable, de limon et de cailloux, parcourt le lit de l'oued. Paradoxalement, les oueds sont les cours d'eau qui connaissent les crues les plus brutales dans le monde. Ils transportent alors des quantités considérables de matériaux et des débris de grande taille, mais ils n'ont plus assez d'énergie pour creuser leur lit. À l'inverse, le sapement latéral est très actif, ce qui explique l'aspect général d'un oued: un lit démesurément large, encombré d'alluvions de tous calibres, à peine encaissé (2 à 5 m) entre des berges abruptes. Le sapement latéral tend à élargir ainsi de façon démesurée la vallée.
Les eaux atteignent rarement la mer: le drainage est de type endoréique. Les oueds se perdent par infiltration ou évaporation, ou bien leurs eaux vont alimenter des dépressions fermées (sebkhas, playas, salares), inondées temporairement et couvertes d'une croûte de sel le reste du temps.
C'est dans les régions semi‑arides que l'action des eaux contribue le plus au façonnement actuel du relief. Dans les régions arides et hyperarides, les formes dues à l'action des eaux sont le plus souvent des héritages.
Les déserts de pierre Dans les déserts, la fragmentation des roches est due principalement aux processus mécaniques. La cryoclastie est le processus le plus efficace dans les déserts continentaux et froids: la fréquence des alternances de gel et de dégel favorise la désagrégation des roches par éclatement. L'haloclastie, fragmentation par cristallisation du sel dans les fissures des roches, est active dans les déserts côtiers. L'hydroclastie, alternance d'humectation et de dessiccation des roches entraînant leur fragmentation, et la thermoclastie, fragmentation des roches provoquée par les fortes variations de température, ont un rôle plus limité. Comme il n'y a pas d'écoulement permanent pour entraîner les débris, ceux-ci s'accumulent au pied des escarpements en de vastes tabliers d'éboulis.
L'altération chimique des roches est extrêmement limitée, en raison de la rareté de l'eau. Néanmoins, son action n'est pas inconnue dans les déserts. Les vernis à la surface des roches (indurations superficielles) et les encroûtements calcaires ou gypseux proches de la surface du sol sont liés à la remontée des sels sous l'effet de l'évaporation et à leur concentration à la surface des roches ou du sol.
Les fragments rocheux, provenant de la désagrégation mécanique ou des processus d'altération chimique, sont triés par le vent. Celui-ci balaie les étendues désertiques en n'emportant que les particules fines, limons et sables; les éléments plus grossiers, trop lourds, restent au sol: c'est la déflation. Ce vannage aboutit à la formation de vastes plaines pierreuses, les regs, ou de plateaux jonchés de blocs inégaux, les hamadas. Sables et limons sont transportés sur de grandes distances. Ainsi, le sirocco peut transporter jusqu'au nord de la France des particules rouges très fines venant du Sahara. Les grains de sable soulevés par le vent étant plus nombreux à proximité du sol, l'action de mitraillage y est plus intense. C'est pourquoi les roches ainsi sculptées sont modelées en forme de champignon (les gour au Sahara).
Les déserts de sable: Contrairement à une idée répandue, les déserts ne sont pas uniquement des étendues de dunes de sable à l'infini. Seulement 30 % environ des régions désertiques dans le monde sont des déserts de sable.
Les grands massifs de dunes, les ergs, se localisent dans les parties basses de la topographie. Façonnés par les vents les plus réguliers, comme les alizés au Sahara ou en Australie, les ergs forment des alignements de dunes, parallèles à la direction des vents dominants, et séparés par des couloirs (gassis). Les dunes des ergs peuvent aussi avoir la forme de grandes pyramides (ghourds), dépassant souvent 200 m de haut, notamment dans le Grand Erg oriental en Algérie. Avec 200 000 km2 de superficie, l'erg de Libye est l'un des plus grands du monde. Les dunes des ergs ne se déplacent pas.
Il existe des dunes mobiles, généralement isolées à la périphérie des ergs ou sur les plateaux pierreux. Elles se sont constituées à la faveur d'un rocher ou d'une touffe de végétation (nebka) qui fixe le sable. Le vent modèle les dunes isolées en croissants, dont les pointes sont allongées dans le sens du vent. Leur profil est dissymétrique: le versant au vent est en pente douce, le versant sous le vent a une forte pente. Ces dunes sont nombreuses dans le Turkestan, où elles sont appelées «barkhanes».
Un écosystème pauvre: Le milieu désertique impose de nombreuses contraintes aux êtres vivants. La rareté de l'eau en est la principale: plantes et animaux doivent supporter de longues périodes sans pluies. Parallèlement, l'évaporation et la transpiration des plantes, accentuées par la chaleur et le vent, engendrent d'importantes pertes d'eau. Les êtres vivants subissent aussi de fortes contraintes thermiques: l'alternance de fortes chaleurs et de froid nocturne ou saisonnier est hostile à la vie. Quant aux sols, ils sont squelettiques, et certains ont une forte teneur en sel. La vie n'est cependant pas absente des déserts: elle s'y présente sous une forme adaptée.
La végétation: La flore des milieux désertiques est pauvre. Si 1 200 espèces ont été recensées dans le Sahara, seules 400 se trouvent dans les régions arides et 50 vivent dans les régions hyperarides. Le nombre réduit d'espèces n'exclut pas l'originalité: ainsi, certains cactus ne se rencontrent que dans les déserts américains.
Les formes d'adaptation: Les plantes ont développé des formes d'adaptation très variées. La vie implique pour la végétation une résistance à la chaleur, une consommation d'eau très faible et, par conséquent, une transpiration réduite. Aussi, pour puiser l'eau du sol, le système racinaire est-il fortement développé: il représente jusqu'à 80 % de la biomasse de certaines plantes. Les racines, qui peuvent être pivotantes, vont, comme celles du prosopis, chercher l'eau des nappes souterraines à des profondeurs de 20 à 30 m. Les cactées ont en revanche des racines très étalées, à proximité de la surface du sol, pour profiter de la moindre averse avant que l'eau s'infiltre ou s'évapore.
Pour réduire au minimum la transpiration, les végétaux limitent leur surface totale. Les feuilles, de petite taille comme celles de l'armoise, ne sont souvent que des épines, ou que des écailles, comme celles du saxaoul (Haloxylon hammodendrum) de l'Asie centrale. Leur cuticule est épaisse, revêtue de gomme ou de cire comme celle des feuilles du créosotier (Larrea tridentata) du désert du Mexique. Aux heures les plus chaudes de la journée, les stomates se ferment pour limiter les pertes d'eau par transpiration.
La constitution de réserves d'eau est une autre forme d'adaptation. Par la succulence, les plantes «grasses» comme les cactus ou l'agave emmagasinent de grandes quantités d'eau leur permettant de traverser une longue période sans pluies. Dans le nord‑ouest du Mexique, le saguaro (Carnegia gigantea) peut ainsi contenir de 2 à 3 m3 d'eau!

Les éphémères ont élaboré une autre stratégie de survie: leur cycle végétatif est très court. Ainsi, Boehravia repens germe et produit des graines en moins de dix jours. Ces graines peuvent attendre pendant de longues années (jusqu'à cinquante ans) l'averse providentielle qui va provoquer leur germination.
Les biotopes: Les différents biotopes des déserts sont plus ou moins favorables à la végétation. La steppe est la formation végétale la plus répandue dans ces déserts. C'est une végétation basse, discontinue, puisque les plantes ne couvrent pas intégralement le sol, composée d'herbes dures, comme le drinn en Afrique ou l'ichu des punas andines. Dans les régions semi‑arides, la steppe recouvre plus de 50 % de la surface du sol. En direction des régions arides et hyperarides, le taux de recouvrement de la végétation diminue, pouvant s'abaisser à 10 %, voire moins. Les surfaces pierreuses ne sont colonisées que par des touffes de graminées, et les arbustes y sont rares. Les secteurs sableux sont plus favorables à la végétation, et les arbustes comme Retama retama colonisent les dunes; c'est dans le creux de celles-ci, où l'eau des pluies converge, que la végétation est la plus dense. Les oueds sont garnis de petits fourrés d'arbres alimentés par un écoulement d'eau proche de la surface (inféroflux). Dans les montagnes des régions désertiques apparaît un étage forestier clair, suivi d'une steppe d'altitude.
Les oasis constituent des îlots de verdure repérables de loin. Dans les déserts chauds, le palmier‑dattier (Phoenix dactylifera) est par excellence l'arbre des oasis. Dans les déserts à hivers froids, il cède la place aux peupliers et aux saules.
Les sols salés sont peuplés de végétaux spécialisés, dits «halophiles». Certaines espèces, comme l'armoise, l'atriplex ou la salicorne, résistent à des teneurs élevées en sel dans le sol grâce à leur forte pression osmotique.
La faune: Si le nombre d'espèces animales dans les déserts est réduit, la plupart des groupes zoologiques terrestres et d'eau douce y sont représentés. Comme les plantes, les animaux doivent lutter contre le manque d'eau, la chaleur et l'intensité de la lumière.
Dépendance par rapport à l'eau: Cette dépendance est variable selon les espèces: si certains animaux doivent boire tous les jours, et ne s'éloignent pas des points d'eau, d'autres comme l'oryx ou le chameau résistent plusieurs jours sans boire. Ce dernier possède deux bosses de graisse dont l'oxydation métabolique produit une certaine quantité d'eau, redistribuée par le sang dans tout l'organisme; il peut ainsi perdre 30 % de son poids.
Quelques animaux peuvent se passer totalement de boire, en se contentant de l'eau produite par l'oxydation des aliments ingérés. Ainsi, les rongeurs (mérione, gerboise) peuvent vivre sans eau libre en s'alimentant de plantes succulentes ou de plantes à bulbe.
Bien que limitées, les adaptations anatomiques sont parfois remarquables: les grandes oreilles du fennec sont de véritables régulateurs thermiques, et les insectes possèdent de longues pattes qui les tiennent à distance du sol brûlant.
Les adaptations physiologiques et comportementales sont beaucoup plus développées. Certains animaux résistent à la déshydratation en ne transpirant pas; leurs urines sont très concentrées, et leurs excréments très secs. Pour échapper aux fortes chaleurs et au rayonnement solaire intense, la plupart des rongeurs, lézards et serpents ne sortent que la nuit. Les animaux diurnes se perchent ou s'envolent pour se soustraire aux fortes températures au niveau du sol. Pendant la saison la plus chaude, des animaux, comme la tortue terrestre (Testudo horsfieldi), entrent en léthargie. Dans les étangs temporaires, les œufs des amphibiens restent en sommeil lorsque l'étang est à sec.
De même, lorsque la température du sol atteint 52 °C, les sauterelles s'envolent toutes les quatre minutes! La terre constituant un excellent isolant thermique, de nombreux animaux vivent dans des terriers. Les scorpions, les araignées et les insectes, favorisés par leur taille réduite, cherchent l'ombre et l'humidité dans les anfractuosités des rochers.
Les ressources en eau: La connaissance des ressources en eau douce présentes dans les déserts est indispensable à la vie des hommes et à leurs activités. Les fleuves allogènes constituent un premier type de ressources en eau. Ce sont de grands fleuves, comme le Nil en Égypte, le Tigre et l'Euphrate au Moyen‑Orient, ou l'Indus au Pakistan, qui traversent les régions désertiques, atteignent la mer, et dont la zone d'alimentation se trouve dans des régions bien arrosées. Ils apportent de grandes quantités d'eau utilisées par l'homme dès l'Antiquité. Ainsi le Nil, alimenté par les précipitations abondantes des hauts plateaux de l'Afrique orientale et par les eaux du lac Victoria, parcourt-il plus de 6 000 km, dont 2 700 à travers le désert égyptien, grâce à un débit élevé et soutenu (2 590 m3/s de débit à Assouan). Les eaux souterraines sont d'un grand intérêt dans des régions où les eaux de surface font le plus souvent défaut. Dans le lit des oueds, où les alluvions sont épaisses, des nappes d'eau proches de la surface sont alimentées à chaque averse par les eaux d'infiltration. Le long des fleuves allogènes, des nappes phréatiques latérales sont rechargées par des crues régulières comme celles, annuelles, du Nil. L'eau de ces nappes souterraines est aisément accessible par des puits de quelques dizaines de mètres de profondeur. Les nappes d'eau profondes, prisonnières dans des roches magasins, sont des nappes fossiles, héritées de périodes plus humides. Leur exploitation nécessite des moyens plus lourds: seuls des forages profonds, jusqu'à 1 300 m dans les déserts australiens, permettent de ramener l'eau en surface.
L'avancée des déserts Les déserts se sont développés à la fin de l'ère tertiaire, il y a 15 millions d'années. Au début du quaternaire, les déserts actuels sont en place, mais leurs limites ont connu d'importantes variations.
D'anciens dépôts lacustres, des plantes et des animaux fossiles, des vestiges préhistoriques témoignent des changements climatiques passés survenus dans les déserts. Il y a 20 000 ans, le Sahara s'étendait 400 km plus au sud, sur une partie du Sahel, où il laissa des dunes actuellement colonisées par la végétation. Cette phase plus aride a duré jusque vers 12 000 ans BP (before present, la date de référence étant 1950). De 12 000 à 4 000 ans BP, il lui succéda une période plus humide: au Sahara, les pluies d'origine tropicale étaient plus abondantes, et le lac Tchad était beaucoup plus étendu qu'aujourdhui. À partir de 4 000 ans av. J.C. , les déserts ont progressé à nouveau.
L'extension actuelle des déserts au détriment des régions subhumides voisines est rapide. Au cours des cinquante dernières années, le processus de désertification a entraîné au Sahara la perte de 650 000 km2 de terres autrefois productives. Cette désertification est liée à des causes multiples. Les crises climatiques comme la sécheresse au Sahel de 1968 à 1973 ou celle qui affecta le Nordeste du Brésil de 1979 à 1984, en provoquant la destruction du couvert végétal, sont en partie responsables de l'avancée des déserts. L'homme, en intervenant sur l'équilibre fragile des écosystèmes désertiques, est également un agent très actif du processus de désertification. Ainsi, le surpâturage des animaux domestiques entraîne la dégradation de la végétation, aggravée par le piétinement des bêtes, qui tasse le sol, le rendant très sensible à l'érosion. La mauvaise maîtrise de l'eau engendre l'augmentation de la teneur en sels dans les sols, qui deviennent peu à peu stériles. Ainsi, l'oasis de Chinguetti, en Mauritanie, victime de la salinisation des sols, a été abandonnée; elle est aujourd'hui envahie par les sables.
Une meilleure gestion de l'eau et des pâturages, la plantation d'espèces adaptées (acacias, saxaouls, tamaris...) afin de constituer des «barrières vertes» comme dans le nord du Sahara algérien sont les principaux moyens de lutte contre l'avancée des déserts.
L'homme dans les déserts La vie humaine dans les déserts est fondée sur la coexistence de deux modes de vie traditionnels: le nomadisme et la sédentarité.
Les sociétés traditionnelles: Depuis le néolithique, les nomades exploitent de façon extensive les pâturages des régions désertiques. Ils se déplacent avec leurs troupeaux, composés de moutons, de chèvres et d'animaux de bât (chameau, dromadaire, yack, lama), en fonction des points d'eau et des pâturages. Les migrations s'effectuent soit entre le désert et ses marges, au climat moins hostile, soit entre les montagnes, où les nomades passent l'été, et les plaines, où ils cherchent des pâturages d'hiver. Ces nomades sont de redoutables guerriers (Touareg et Peuls au Sahara), qui ont toujours dominé les peuples sédentaires. Le commerce de caravane est associé à l'activité pastorale des nomades. Ces derniers vendent aux sédentaires du sel, des épices et les produits de leur élevage, ce qui leur permet d'acheter des dattes, des céréales et des tissus.
Les sédentaires vivent près des fleuves allogènes (Nil, Euphrate, Indus...) ou des points d'eau. En creusant des puits et en amenant l'eau dans des sites favorables grâce à des conduites souterraines, ils ont créé des espaces aménagés, les oasis, où ils pratiquent une agriculture irriguée. Sur de petites parcelles entourées de rigoles, les cultures présentent trois strates: céréales et légumes poussent sous les arbres fruitiers, à l'ombre des palmiers‑dattiers.
Le mode de vie des nomades semble aujourd’hui menacé. Les gouvernants des pays concernés tentent de sédentariser les nomades, pour mieux contrôler ces populations mouvantes. Le camion et l'avion, qui transportent rapidement les marchandises, ont ruiné le commerce de caravane. Les oasis, qui étaient souvent des étapes pour les caravaniers, souffrent de ce déclin.
La mise en valeur moderne des déserts: Depuis la Seconde Guerre mondiale, les déserts ont connu des transformations importantes. Les forages profonds dans le Néguev, dans le sud d'Israël, la construction du barrage d'Assouan sur le Nil, les aménagements hydrauliques du Syr‑Daria et de l'Amou‑Daria en Asie centrale ont permis d'étendre de façon considérable les périmètres irrigués dans les régions désertiques. La découverte de gisements métallifères – fer de Mauritanie, uranium d'Arlit au Niger –, et surtout de gisements d'hydrocarbures, comme en Arabie Saoudite, dans le Sahara algérien ou encore au Texas, a conduit à la mise en valeur de régions autrefois délaissées. Des villes comme Koweït sont nées de l'extraction pétrolière; d'autres, comme Le Caire, Samarkand ou Tachkent, ont vu leur population augmenter et l'espace bâti gagner sur le désert environnant. L'approvisionnement en eau potable est un problème majeur pour ces villes du désert. Cependant, les étendues désertiques demeurent des espaces où les densités de population sont faibles, ce qui explique que les hommes y installent des bases spatiales (site de Baïkonour au Kazakhstan), ou y réalisent des essais nucléaires (État du Nevada aux États‑Unis).
Une source de vie spirituelle: Monde indécis où les Juifs chassaient un bouc chargé symboliquement de tous les péchés d'Israël, le désert est à la fois un lieu de rejet et de ressourcement. Les grandes religions monothéistes sont nées du désert: Moïse voit Dieu face à face dans le Sinaï, le Christ y jeûne quarante jours, les cavaliers arabes y prennent leur élan pour répandre l'islam. Inversement, les croyants déçus par leurs contemporains s'y retirent: ermites, anachorètes, ascètes s'y trouvent à l'abri des tentations du monde, mais, comme saint Antoine, pas de celles de leur esprit. Les aventuriers y cherchent les vestiges des cités perdues, les philosophes y trouvent, comme dans les ruines de Palmyre ou de Ninive, la preuve de la fragilité des royaumes et des empires, les anthropologues, qui découvrent les peintures rupestres du Sahara représentant prairies et troupeaux, y lisent que la nature, comme les civilisations, est mortelle. Le désert est ainsi le réceptacle des vanités enfuies, comme dans un tableau de Tanguy, de Dalí ou de De Chirico.

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