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30 juil. 2008

Fouilles archéologiques à Gao

Fouilles archéologiques à Gao (2) : DANS LES TRÉFONDS DE L’HISTOIRE DE LA CITE
l'Essor n°16229 du - 2008-06-30 08:00:00
Certaines découvertes des archéologues indiquent qu’au moins 7 générations d’habitants ont vécu à cet endroit
La grande butte de Sanèye située à 7 km de l’actuelle ville de Gao a été habitée par les Sorkho venus de Koukia. Ceux-ci y ont développé une intense activité d’agriculture, de pêche, de commerce et surtout d’artisanat. Les traces de l’ensemble de ces activités sont encore perceptibles dans le dépôt archéologique. C’est d’ailleurs ce qui a attiré pendant un bon moment des pilleurs clandestins à la recherche de pièce de grande valeur monétaire. Cette exploitation à des fins lucratives a fait perdre pas mal d’indices pour les chercheurs qui tentent de rétablir l’histoire de notre pays. Le fléau, qui rappelle celui des togué du Delta intérieur et des tumulus du sud, est heureusement en voie d’être endigué grâce aux efforts conjugués du ministère de la Culture et de la municipalité de Gao qui ont engagé un gardien pour veiller constamment sur le site. “La présente campagne de fouille s’inscrit dans le cadre de la protection et de la sauvegarde du site”, explique le chercheur Mamadou Cissé.Malgré son importance, Sanèye n’a fait l’objet que de recherches sporadiques. Ces recherches commencèrent dans les années 1930 avec les administrateurs coloniaux et se poursuivirent dans les années 1970 avec Colin Flight du Centre d’étude ouest africaine de Birmingham (un archéologue anglais). Les fouilles ont été pratiquées sur le cimetière royal et la crête et ont montré la présence de nombreuses stèles avec épitaphes en arabe gravées en relief. Au milieu du site, il existe deux caveaux en briques cuites.Les premières fouilles remontent en 1931 avec «la mission saharienne des cargos du désert» de Bernard le Pontois sur la nécropole de Sanèye (Mauny, 1952). Les seules trouvailles sont : les perles de calcédoine, une perle de faïence, une torque de cuivre. Une découverte plus intéressante fut faite en août 1939 par M. Chambon, commandant de cercle, qui, remarquant un affleurement de brique cuite et un morceau de marbre blanc, s’aperçut qu’il y avait là une stèle funéraire avec inscription (une épitaphe coufique).Puis en février 1952, Raymond Mauny a effectué quelques sondages sur la butte de Gao Sanèye. Ces sondages livrèrent plusieurs poteries, dont un fragment émaillé qui, selon lui, est le plus important de l’âge médiéval ancien, retrouvé en Afrique occidentale française.
Du marbre originaire d’Andalousie. De nouvelles recherches furent entreprises par Colin Flight du Centre d’étude ouest africaine de Birmingham (Angleterre) avec des nationaux en 1972, 1974 et 1978 sur le cimetière royal. Colin Flight a relevé toutes les stèles affleurant au cimetière. La plupart ont été déchiffrées par J. Sauvaget, Viré et P. Farias. Certaines de ces stèles étudiées sont encore à Gao, deux stèles scellées au sommet de la mosquée, quelques unes à l’IFAN à Dakar, et d’autres à Bamako. La plupart de ces stèles sont en marbre originaire d’Andalousie. Les autres sont en schiste de facture locale. Plusieurs d’entre elles ont été transcrites. Elles nomment de simples personnes (hommes ou femmes), mais aussi des titres de rois, de reines et mentionnent des personnes appartenant à leur ascendance ( Mauny, 1961, Flight, 1978 et Paolo Farias, 1993). Elles constituent une précieuse source d’information sur la vie politique et culturelle de Gao entre les XIIè et XVè siècles. Contrairement à la nécropole, le stell a très peu attiré les archéologues. Ces fouilles initiales ont permis aussi de se rendre compte de l’importance du site. La butte couvre près de 30 hectares avec un dépôt archéologique de 7 mètres. Cela signifie qu’au moins 7 générations d’habitants ont vécu à cet endroit.C’est en 2001 que les premières fouilles archéologiques initiées par des archéologues maliens ont démarré dans cette partie de notre pays. Avec des moyens assez limités, les équipes envoyées sur place par la direction nationale du patrimoine culturel, ont implanté deux sondages sur le site. Le premier sondage d’une dimension de 3 m x 3, se situe sur le flanc nord-est de la butte et le second de 2 m x 3 se trouve implanté au centre du site. “Au total, 15 niveaux d’occupation ont été repérés dans le sondage”, explique Mamadou Cissé, chercheur à la DNPC. Pour ce qui est de la datation, l’échantillon de charbon prélevé est encore en train d’être analysé en laboratoire. Avant l’obtention de ces résultats, il y a eu des analyses sur la céramique, les ossements, les perles, les pierres travaillées (lithique), les pattes de verre, les fusaoïlles et les petites trouvailles comme les métaux, le fer, le cuivre.Les céramiques constituent le premier mobilier archéologique. Répandues en surface, elles indiquent la présence d’un dépôt archéologique. L’analyse rapide de ces poteries donne une datation relative, c’est-à-dire une fourchette d’âge.Le statut économique des habitants, les types d’animaux élevés, la religion pratiquée, les différents types de climat, les activités de production, sont autant de révélations faites par les trouvailles.

GAO, MÉTROPOLE DU COMMERCE TRANSSAHARIEN
l'Essor n°16249 du - 2008-07-28 08:00:00
En 2003-2004, une campagne de fouilles a révélé une série de murs colossaux construits en divers matériaux
Les recherches ont mis en évidence une ville commerciale et artisanale où prospérait la production, la transformation et la commercialisation du fer, du cuivre
Depuis la période coloniale, la ville de Gao a attiré l'attention de nombreux administrateurs comme Raymond Mauny. Des stèles épigraphiées en caractères arabes, trouvées sur le site du Tombeau des Askia auraient même été emportées par des voyageurs français au début du siècle dernier. Un peu plus loin de là de nombreux tessons ont fini par convaincre les archéologues maliens sur l'existence d'un site d'importance. Situé pratiquement en plein milieu de la ville, le site d'une maison construite par Kankou Moussa en 1324 de retour de son pèlerinage, fut identifié. Suite à de nombreux recoupements de documents. Des fouilles effectuées en 1993 par T. Insoll de l'Université de Cambridge sur le même site ont révélé la présence de structures de briques cuites associées à de nombreux objets exotiques importés, de nombreuses perles (en verre, en coralline ou en terre cuite), céramiques émaillées, objets en cuivre et attestant de la richesse de Gao, de son rôle de métropole du commerce transsaharien. En 2003-2004, une campagne de fouilles menée par la Direction nationale du patrimoine culturelle, l'Institut des sciences humaines et le Musée national d'ethnologie d'Osaka (Japon) sur le même site a révélé une série de murs colossaux construits en divers matériaux.Les résultats obtenus par suite de l’analyse de la culture matérielle des différents horizons des deux sondages et les dates obtenues lors de l’analyse à partir du Radiocarbone nous permettent de faire des interprétations suivantes de bas en haut sur les horizons stratigraphiques des deux sondages, explique Mamadou Cissé, actuellement thésard à Rice University des USA.L’évolution du matériel se caractérise avant tout par son homogénéité, indique-t-il. Des mêmes types de céramique et de décors se définissent du début jusqu’à la fin de la phase d’occupation. Le dynamisme urbain attesté par une diversité du matériel, qu’il soit de production locale (les formes de céramique et des perles en terre cuite, en os et en verre monochrome), ou d’importation (apparition des perles en verre polychromes, des fragments de récipients en verre).
Centre de prédilection du commerce. Les datations radiocarbones que nous avons obtenues, montrent que le site a été occupé du VIIè au XIè siècle. Gao était un grand centre urbain, point névralgique entre l’Afrique de l’ouest et le bassin méditerranéen. Cette position géographique se reflète vivement dans l’architecture ou on note une influence étrangère dans les modes de construction et les matériaux utilisés (présence de briques rectangulaires en terre crue ou cuite avec une dimension de 40cm x 20cm). L’aliment de base de ses habitants était le riz africain (oryza glaberrima) attesté par la présence d’une quantité considérable de grain de riz dans le Feature 5 associé au niveau 10 du sondage. Gao Sanèye était une ville commerciale et artisanale où on notait la coexistence de différentes cultures pour la production, la transformation et la commercialisation du fer, du cuivre d’une part et des perles de différentes sortes (os, terre cuite et verre). L’artisanat était très développé dans la cité de Gao Sanèye. Les artisans travaillaient beaucoup avec le fer et le cuivre et fabriquaient des objets divers (lame de houes ou haches, clous, pointes, etc.) Les éléments de parure comme les perles de toutes natures et de toutes les couleurs sont fabriquées sur place ou importés du Maghreb ou même d’Europe.Bien qu’on n’ait pas trouvé d’or au cours de la fouille, la présence des creusets dans le sondage GS1 prouve que l’or était façonné par les artisans de la zone. Ces creusets pouvaient servir aussi à la fabrication de perles en verre et des objets en cuivre. Gao Sanèye à l’époque était un centre de prédilection du commerce transsaharien. Ibn Sa’id’s a dressé une carte de la circulation des réservoirs de l’or vers la fin du premier millénaire. L’or était transporté des réservoirs de mine du Bourré et du Bamkouk situés entre la Falémé au nord sur le Sénégal et le Bagoe à l’est et Tinkisso au sud sur le fleuve Niger, à la Méditerranée en passant par Gao. Vers la fin du premier millénaire, la route principale partait de Taher à Gao en passant par Wargla et Tadmekka (Adrar des Iforas). A cette époque, on peut dire que Gao Sanèye est la Sarna d’Al-Mouhallabi (996) et la résidence du Kanda signalée par El-Bekri (1068).Pour une meilleure compréhension du site, il serait important d’approfondir les recherches sur le site et ses alentours afin de voir les relations réelles existantes entre la butte et le cimetière royal. Ce nécropole, situé à environ 500 m au nord-est de la butte, présente des stèles royales qui datent du XIIè siècle. Selon la tradition orale, la ville fut la résidence royale pendant tout le XIIè siècle, comme le prouve la découverte de la nécropole, et le reste probablement (sans qu’on puisse l’affirmer) jusqu'à la soumission du Songhaï au Mali.
Y. DOUMBIA

16 juil. 2008

MALI: L’esclavage, toujours d’actualité dans le nord

MALI: L’esclavage, toujours d’actualité dans le nord
GAO, 15 juillet 2008 (IRIN) - Si bon nombre de personnes pensent que l’esclavage n’existe plus au Mali, cette pratique est pourtant toujours observée dans le nord du pays, selon l’association malienne de défense des droits humains Temedt. « Le gouvernement pense que l’esclavage a été aboli avec l’indépendance : à l’époque, un grand nombre de gens, qui vivaient comme des esclaves sous le régime colonial, avaient été libérés », a déclaré Mohammed Ag Akeratane, le président de Temedt. « Mais je dirais que plusieurs milliers de personnes sont encore tenues en esclavage ou vivent dans des conditions proches de l’esclavage dans le Mali d’aujourd’hui ». Selon Temedt (« solidarité », en Tamasheq, la langue des Touaregs), l’esclavage est encore pratiqué dans le nord, dans la région de Gao, à 1 200 kilomètres au nord de Bamako, la capitale, et aux alentours de Menaka, une ville située à 1 500 kilomètres au nord de Bamako. La plupart des cas d’esclavage concernent des Touaregs d’origine berbère et des Bellas, un peuple indigène qui vit dans cette région, bien que les communautés peules et songhaï soient connues pour avoir elles aussi pratiqué l’esclavage dans le passé, selon Temedt. Iddar Ag Ogazide, un Bella, a raconté qu’il avait été tenu en esclavage pendant 35 ans par les Ag Baye, une famille touareg pour laquelle il travaillait sans percevoir de salaire ni recevoir d’éducation, à Ansongo, à 80 kilomètres au sud de Gao. Les Ag Baye avaient acheté son arrière-grand-mère et hérité des membres de sa famille, une génération après l’autre. Finalement, en mars 2008, Iddar, qui ne pouvait plus supporter cette situation, a imaginé un plan d’évasion, qu’il a exécuté avec succès ; aujourd’hui, il vit à Gao. « La vie était dure, là-bas. Tout ce que je faisais, je le faisais contre mon gré. Je faisais toute la cuisine, je pilais [le millet], j’allais chercher l’eau, le bois et je balayais la maison. Je ne recevais jamais d’argent ; on ne me donnait même pas d’habits », a confié à IRIN Takwalet, la femme d’Iddar, qui s’est échappée avec lui. Des définitions obscures Mais les débats sur l’esclavage sont complexes au Mali, où bon nombre de personnes affirment que cette pratique n’a plus cours. Selon plusieurs habitants de Gao, certaines personnes restent en effet avec leurs « maîtres » pour des raisons avant tout économiques. Aujourd’hui, les Bellas sont largement intégrés à la culture touareg : ils ont des traditions culturelles semblables et parlent la même langue (le Tamasheq), et un grand nombre d’entre eux sont connus sous le nom de Tamasheqs noirs. Les maîtres touaregs et le peuple bella vivent dans un système de castes complexe depuis de nombreuses décennies et d’aucuns disent que cette relation de pouvoir n’a guère changé : les biens et le bétail des populations du nord restent, en bonne partie, aux mains des Touaregs. À Menaka et Ansongo, deux villes isolées, la vie est dure et les opportunités d’emploi et autres possibilités économiques sont rares. « Les conditions sont difficiles dans le nord, mais les Bellas sont libres de quitter leurs maîtres s’ils le souhaitent », selon une source anonyme du département de l’Administration territoriale, un organe du gouvernement malien. « Il n’y a pas d’obligation, pas d’esclavage officiel ». Cela signifierait donc que certains Bellas ne se sentent pas capables de voler de leurs propres ailes et de renoncer à la protection de leur riche maître, qui les nourrit mais ne les rémunère pas : « si des gens déclaraient ouvertement qu’ils étaient esclaves, bien sûr, l’Etat ferait quelque chose », a affirmé la source. Mais pour Anti-Slavery International, une association londonienne de défense des droits humains qui soutient les efforts de Temedt, la situation est plus claire que cela.
« Comme ses parents avant lui, Iddar est né esclave, un statut qui lui a été attribué à la naissance, et [il] a grandi sous le contrôle absolu d’un maître qui le faisait travailler sans rémunération », a indiqué Romana Cacchioli, responsable de programmes Afrique à Anti-Slavery International. « D’après moi, l’histoire d’Iddar est un cas d’esclavage manifeste ». Un cadre juridique flou On ne sait pas précisément ce que pourrait faire l’Etat dans des cas comme celui d’Iddar, le Mali n’ayant pas officiellement adopté de loi contre l’esclavage. Bien que la Constitution malienne stipule que les hommes sont tous égaux, et même si le pays a signé les principales conventions internationales contre l’esclavage, dont la Déclaration universelle des droits de l’Homme, officiellement la pratique n’a jamais été interdite par la loi au Mali ; il est donc difficile de chercher à obtenir réparation auprès des tribunaux dans des cas comme celui d’Iddar Ag Ogazide. Temedt a néanmoins demandé à un avocat de travailler avec Iddar et une autre esclave évadée de Gao. « Nous voudrions voir s’ils peuvent engager des procédures devant les tribunaux pour obtenir des indemnités », a expliqué M. Akeratane de Temedt. Temedt envisage également la possibilité d’engager des poursuites pour enlèvement d’enfant, au nom du fils d’Iddar. « Il est difficile de monter un dossier pour Iddar ; cela montre bien qu’il est nécessaire d’adopter une loi contre l’esclavage au Mali », a estimé Romana Cacchioli d’Anti-Slavery International. Interrogé en avril par le journal malien La Nouvelle République, M. Akeratane a toutefois déclaré qu’à l’heure actuelle, un grand nombre d’affaires en instance n’allaient nulle part, une situation qui crée un précédent peu prometteur pour les futurs anciens esclaves qui souhaiteront faire appel à la justice. Évolution des attitudes L’un des principaux objectifs de Temedt est d’instiller aux anciens esclaves une certaine fierté de leur identité ethnique et culturelle, ce qui les aidera à revendiquer l’égalité de droits, espère M. Akeratane. L’organisation dirige des séances de sensibilisation aux droits humains pour les groupes vulnérables à l’esclavage, afin de leur expliquer qu’ils ne sont pas tenus d’accepter la tradition. L’organisation bénéficie d’un soutien croissant. Lancée il y a à peine plus de deux ans, elle compte aujourd’hui 18 000 membres dans huit régions du pays. Elle a également commencé à travailler avec différents organismes de lutte contre l’esclavage au-delà des frontières nigérienne et mauritanienne. D’après M. Akeratane, la question délicate de l’esclavage, qui continue d’être pratiqué, est ainsi abordée de front pour la première fois dans le pays. Le président de Temedt a bon espoir que les attitudes évolueront et que l’esclavage sera un jour éradiqué au Mali. Gamer Dicko, journaliste à Bamako, issu d’une famille tamasheq noire, abonde dans ce sens. « Aujourd’hui, les choses changent, mais très lentement », a-t-il indiqué. « Certains Tamasheqs noirs disent OK, nos pères étaient esclaves, mais pas nous. Ils sont fiers de leur habit et de parler leur propre langue ». IRIN Service Français Afrique de l'ouest Mali
ch/aj/cb/nh/ail
Thèmes: (IRIN) Economy, (IRIN) Governance, (IRIN) Human Rights