ⵜⴰⵎⴰⵣⵉⵖⵜ

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BIENVENUE AU SAHARA, AIRE DE LIBERTE

"Le désert est beau, ne ment pas, il est propre." Théodore MONOD.



28 sept. 2007

CULTURE/ARCHIVES

Temaslit : LES MERVEILLEUSES BIBLIOTHÈQUES DU SAHARA
l'Essor n°15843 du - 2006-12-04
Autant les manuscrits de Tombouctou méritent une grande attention, autant ceux de Temaslit méritent d'être étudiés par les chercheurs. Dans une zone perdue dans le Tilemsi, des hommes de culture ont réussi le miracle créer et d'entretenir, depuis des lustres, des bibliothèques sous de fragiles tentes de peau.
Le Tilemsi est connu pour l'infinité de son étendue. Dans ce vaste espace les mirages forment des étangs infinis. Les citrylus dominent une végétation d'acacias parsemée sur une terre où l'herbe est rabougrie. Le sol est fendillé par les rayons d'un soleil toujours cuisant. La plaine de sable, à travers les fissures, semble implorer une ondée du ciel. Même si cette pluie tombe l'eau sera avalée en une journée par des mottes de terre assoiffées, asséchées et cuites par des années de déficit hydrique. Ici, dans les contées lointaines du Tilemsi la désolation enveloppe tout. La misère se prédit. La vie s'accommode d'une impressionnante population de teignes et de gales. La découverte d'une bibliothèque riche de plus de mille ouvrages dans un monde aussi aride relève du miracle. Les auteurs des ouvrages répertoriés sont tous des autochtones. Leur lignée vit sur ces terres depuis 5 siècles. La capacité d'adaptation de ces population et la force de leur instinct de survie sont exemplaires.Des classes sous les arbres : Nous sommes à Temaslit. Ce nom signifie "les échos" en langue tamacheqt. Le village est situé à 18 km à l'ouest de Tarkint, petite localité perdue au sud -ouest de Tilemsi. Elle jouxte une vaste plaine. Des centaines de troupeaux de moutons roux et de chèvres aux couleurs bigarrées paissent sur ce territoire. Le village constitue l'un des plus grands hameaux nomades touaregs du Mali. L'ensemble se compose d'une dizaine de maisons construites avec des briques confectionnées avec un mélange de sable et d'argile rougeâtre. Le décor est meublé de centaines de tentes en peau de chèvre, de mouton ou de chameaux. Elles sont éparpillées à perte de vue. Entre les habitations basses poussent des pieds de dattiers sauvages, des gommiers et des touffes à moitié enterrées de Panicum, une sorte de fonio de sable. Les ombres clairsemées servent de lieu de repos pour les cabris, les agneaux et les chamélons. Assis sous les quelques arbres au feuillage fourni, des enfants mal habillés, aux têtes teigneuses et au corps squelettique apprennent par cœur les 114 sourates du Saint Coran. Les bambins ont accroché des chambres à air de camion gonflées d'eau à un arbre non loin de "leur classe". Les pneumatiques, transformées pour les besoins de la cause, sont récupérés sur les véhicules des trafiquants, qui sillonnent le désert. A Temaslit, ces récipients atypiques servent de gourdes à la place des classiques besaces en peau d'animaux domestiques. Au centre du hameau est érigée la tente du Cadi, Abdou Ag Sididi, le patriarche de la communauté Ifaqaran. Cet homme, respecté de tous, est à la fois l'imam, le cadi et le plus grand professeur de théologie de la communauté. Il est âgé de 76 ans. Mais il n'a rien perdu de la vivacité de son esprit. L'érudit est très perspicace. Il fait preuve d'un remarquable sens de l'humour, qui n'altère en rien la vénération dont il jouit au sein des siens. Le dignitaire Abdou ag Sididi est veuf depuis de longues années. Il est le gardien du savoir et de la pureté de la religion musulmane dans le cercle de Bourem. Il auteur de plusieurs traités de philosophie religieuse hautement appréciés dans les communautés maraboutiques du Nord Mali. Le grand maître a écrit "Almaqarize", un traité de théologie de 500 hadiths. Le cadi de Tilemsi est réputé pour ses livres de grammaires arabes, de Alfiqh, l'interprétation du Coran. La basse tente en peau d'animaux, lui sert de bibliothèque. Elle abrite de nombreux tomes écrits en Arabe, couverts par un plastique noir pour les protéger des intempéries, particulièrement de l'humidité lorsqu'il pleut. Le cadi se réjouit du dynamisme intellectuel des populations sous son autorité. Il embrasse du regard les dizaines d'habitation qui l'entoure et commente avec humilité:<<>>, indique le Cadi. <>, renchérit Issa Ag Mohamed Assalekh, chef de fraction de la communauté, grand docteur de la foi. Le premier puits : Les marabouts de Temaslit reçoivent des étudiants des contrées voisines de Bourem, Kidal, Tarkint, Gao. Ils en arrivent même d'Algérie, de la Mauritanie, du Niger, du Nigeria. Et pourtant ce centre universitaire arabe est un lieu anonyme, inconnu des beaucoup de maliens et même des autorités. Ces dernières viennent juste de commencer le creusement d'un puits à grand diamètre pour une des communautés touareg les plus démunies, les pacifiques Ifaqaren.Cette tribu studieuse vit dans la prière et la piété. Chaque jour, un collège de 40 érudits se réunit sous la tente du patriarche pour discuter d'un thème, précise Amoyaqi Ag Oulamine. Il est le neveu de l'actuel Cadi et fils du prédécesseur défunt. Il est lui-même grand docteur en théologie. <>, affirme-t-il. Le postulant est intégré après avoir présenté un thème sur un sujet relatif à la religion, au droit musulman, à la grammaire arabe, ou au Alfiqh. <<>>, conclut Amoyaqi Ag Oulamine. <> clame Issanant Ag Ahmid, un autre enseignant dans une école moderne de Tarkint. Il a effectué des recherches sur les Ifaqaren. Le hameau de Temaslit et ses bibliothèques enfouies dans le sable forment une autre merveille du monde, mais méconnue. G. A. DICKO

SAHARA CULTURE


Expressions du désert-Arts plastiques: Le mirage aveuglant
Les expressions visuelles ont investi avec passion le Sahara, lequel donne beaucoup à voir pour peut-être mieux se cacher.
Assimilé de manière erronée au « vide » ou au « néant », le désert est un monde infiniment riche et vivant. Cette vérité vaut aussi pour les arts visuels. De tous les endroits d’Algérie, le Sahara est, en effet, le seul à avoir produit et laissé une riche représentation de son univers, de sa vie quotidienne et de ses habitants. Ses innombrables peintures et gravures rupestres, remontant à plus de 10 000 ans, constituent de fait un des plus grands musées au monde à ciel ouvert. Aussi, indiscutablement, le Sahara est une « terre » d’art qui offre, en plus de son spectacle naturel inouï, une profusion d’images et de symboles. Cela explique en partie pourquoi le mouvement Aouchem, créé en 1967, et qui s’engageait dans une expression moderne s’appuyant sur les signes traditionnels, a souligné dans son manifeste la référence au patrimoine du sud algérien. Le document affirme ainsi : « Aouchem est né, il y a des millénaires, sur les parois d’une grotte du Tassili. II a poursuivi son existence jusqu’à nos jours, tantôt secrètement, tantôt ouvertement, en fonction des fluctuations de l’histoire. » Quand on s’interroge aujourd’hui sur la présence du désert dans l’art algérien, on se rend compte que sa thématique demeure influente sur les peintres, quelle que soit leur obédience artistique. Il y a d’abord ceux qui s’inscrivent dans l’art figuratif. Dans cette catégorie, domine une veine influencée par l’orientalisme, « cartes postales » d’un Sahara fantasmé qui trouve preneur chez des acheteurs peu avertis ou friands de sous-orientalisme. A de rares exceptions, comme chez Hocine Ziani, la qualité n’est pas au rendez-vous. Sur le plan éthique aussi, ce type de peinture pose de nombreux problèmes. Plusieurs de ses tenants n’ont jamais mis les pieds au Sahara. Ils travaillent à partir de leur propre imagination, ce qui est acceptable, mais aussi de photographies, voire de tableaux d’orientalistes reproduits ou transformés. S’il est indispensable de critiquer la nature du regard que jetaient les orientalistes sur la réalité algérienne, on ne peut que louer leurs qualités artistiques. Jean Taupin, Pierre Eugène Clairin, Beaucé ou Jean Bouchaud ont laissé ainsi des œuvres admirables sur les paysages ou la vie à Bou Saâda, Laghouat, Ghardaïa ou le Hoggar. Il y a ensuite les peintres qui s’inscrivent dans des approches non figuratives, symbolistes ou résolument abstraites. Parmi eux, la démarche dominante demeure essentiellement celle prônée par le Groupe Aouchem et le recours aux signes et motifs du Sahara. Ainsi, Zohra Hachid-Sellal a exploré avec passion les thèmes des fresques du Tassili dans des compositions modernes. Parmi les artistes particulièrement sensibles au Sahara, citons aussi Omar Meziani, Mourad Kebir et Mohamed Guesmia qui ont effectué plusieurs séjours au Sud à la recherche de nouvelles interactions avec leurs créations. Guesmia a fini, d’ailleurs, par s’installer définitivement à Timimoum. Les élans des peintres non figuratifs à l’égard du Sahara montrent toute la difficulté d’une création qui nécessite une réflexion intérieure intense. Comment se débarrasser des clichés puissants qui entourent le désert ? Comment ne pas céder à la tentation de l’instrumentation de motifs parfois rabâchés ? Comment, enfin, produire un langage pictural moderne en l’alliant au désir d’authenticité ? C’est là une aventure ardue et risquée au plan artistique et ceux qui l’ont entreprise ont déjà le mérite de l’avoir engagée. Il est à noter aussi que le Sahara compte peu de peintres « de recherche » et on serait bien en peine d’en citer, hormis peut-être celui de Mohamed Bakli qui, à Ghardaïa, produit une peinture abstraite, empreinte d’une certaine mystique du désert. La photographie également s’est fortement attachée au désert. Là aussi, les risques d’exotisme existent. Ils sont même décuplés par la profusion d’images à visées touristiques qui créent un parasitage énorme de la représentation du désert. En dépit de cet écueil, rares sont les photographes algériens qui n’ont pas investi ce « champ » où l’originalité demeure très difficile. Il y a, parmi les plus anciens, Khellil qui continue à tenir sa galerie-boutique à la rue Didouche Mourad à Alger, avec ses merveilleuses photos en noir et blanc. Parmi les plus jeunes photographes, plusieurs ont cédé naturellement à la fascination du désert. On peut citer ainsi Yacine Ketfi, Kays Djilali, Ben, Farida Sellal et quelques autres encore pour lesquels la thématique saharienne constitue une inspiration privilégiée. Dans la bande dessinée, Sid Ali Melouah, qui nous a quittés cette année, avait signé un album mémorable, La Secte des assassins, dans lequel il revisitait le mythe de Tin-Hinan. De ce survol de différentes disciplines, il apparaît que le désert exerce une force d’attraction puissante sur les créateurs d’images. Son patrimoine et sa réalité constituent un réservoir visueal aussi étonnant qu’immense. Mais il porte en lui, plus que tout autre sujet, l’illusion du mirage. La beauté offerte naturellement et à dose massive peut paralyser la recherche et même aveugler.
Slimane Brada El watan Edition du 27 septembre 2007 > Arts et Lettres

Expression du désert-Cinéma: La ruée vers le sable
Le succès phénoménal de L’Atlantide en 1921 suscita un immense intérêt des cinéastes avec quelques pépites et peu de réussites. Quant au cinéma algérien…
La phrase prononcée par le grand critique Louis Delluc à la sortie de L’Atlantide, de Jacques Feyder, est restée célèbre : « Un seul grand acteur : le sable. » Le cinéaste belge a lu le roman éponyme de Pierre Benoît en une seule nuit. Le lendemain, à la première heure, il avait déjà acquis les droits d’adaptation, moyennant 10 000 francs. Ce film fut salué par la presse comme « l’événement le plus important de l’année ». C’était en 1921. Le coût du film est onéreux : 600.000 francs, obtenus par le cinéaste grâce à un oncle actionnaire dans une banque. Mais le tournage dura 8 mois : Ouargla, Touggourt et même Alger et les Aurès avec 25 artistes, 60 targuis et leurs méharis, des décors grandioses signés par l’Italien Manuel Orazi, des artisans, des costumes… Finalement, le budget explosa. Georges Sadoul, l’historien du cinéma, l’estime à un million huit cent mille francs. Du jamais vu à l’époque ! Pour la quarante millième projection du film, les salles fonctionnaient toujours à guichets fermés. Phénoménal ! Aujourd’hui, beaucoup de cinéphiles ignorent que la première sortie de L’Atlantide était tirée en version colorisée. Ainsi, la couleur du sable est d’un jaune ocre dans la première partie du film avant de passer parfois à l’ocre clair, au rose puis au violet et au saumon, suivant la construction dramatique de la mise en scène. Ce qui justifie donc la phrase de Louis Delluc. Le film est relativement long : 4000 m de pellicule correspondant à 2h40 de projection. Ainsi, les spectateurs de 1921 sortaient des salles avec l’impression d’avoir effectué un véritable voyage dans le désert qui correspondait à leur imaginaire du Sahara : le danger, la soif, la peur, la fatalité, mais aussi les trésors dissimulés sous le sable, le mystère des gens du Sud, mais surtout la femme idéalisée, Antinéa, déformation du nom de Tin-Hinan ! Mais cela n’explique pas la réussite du film. Les trésors cachés sous les dunes sont difficiles à dénicher. Il faut d’abord le talent et l’intelligence du cinéaste, le culot du producteur ensuite. Dans le cas de L’Atlantide, le public était bien préparé à accueillir le film. Le livre de Pierre Benoît était déjà un immense succès populaire. Par la suite, des cinéastes et des producteurs de toutes nationalités rêvèrent de réaliser le score de L’Atlantide. Rien ! Le trésor ne se trouve qu’une fois, comme dit l’adage populaire algérien. Ainsi, le cinéma ne se souvient plus de l’Allemand Willy Wolff, réalisateur de Abenteurer von heute (1932), de l’Américain Maurice Tourneur et sa Barbarie Sheep (1917), de l’Italien Gennaro Righelli et ses Aventures orientales (1929), du Polonais Waszynski et son Souffle du Sahara (1932), du Russe Dimitri Kirsanoff et ses Sables (1927). Naufragés du désert de l’oubli ! Le cinéma ne se souvient même pas du précurseur du film de fiction et du film colonial en Algérie, Camille de Morlhon, et de sa série de films réalisée en 1911 notamment à Biskra. Le cinéma est amnésique des films qui ne voient que le bout de leurs poches. Heureusement d’ailleurs. Après l’indépendance, il y a eu peu de films tournés au Sahara. Le regretté Michelangelo Antonioni a tourné, en 1974, la première séquence de son film voyageur Profession Reporter. Il a su capter le silence de l’immensité désertique. Jack Nicholson, habillé en treillis militaire algérien, communique avec les touaregs par les gestes. Bernardo Bertollucci choisit de boire son Thé au Sahara à Béni Abbès. Et Denys de la Patellière explore le gangstérisme des grand espaces dans Soleil noir. En 1970, Jean-Louis Bertucelli présenta à Cannes, sous la bannière algérienne, Rempart d’argile. Plastiquement très beau et hypnotisant, le film est, à notre avis, le plus fidèle à l’atmosphère du désert. Ecrit par l’ethnologue et grand connaisseur des oasis, Jean Duvignaud, il met en scène Leïla Shenna et Krikèche Le dernier plan du film, réalisé en hélicoptère, est splendide. Il a valu à son réalisateur un Oscar et d’innombrables pages d’estime critique. Les Algériens, eux, ne se sont pas trop aventurés dans leur propre désert. Mohamed Lakhdar-Hamina, producteur de Bertucelli, a redistribué Leïla Shenna dans un sujet similaire, à savoir la condition féminine, dans Le vent de sable. Malgré le cinémascope, le film ne connut pas pareil succès. Le citadin Merzak Allouache voit, en 2001, dans Timimoun un autre monde. Raconter le terrorisme dans l’oasis rouge marquait le détachement du cinéaste de Bab El Oued City avec la réalité algérienne d’alors. Côté documentaire, on citera Djamel Azizi qui, en 2002, a réalisé, avec Les transporteurs du bonheur, un film d’une sensibilité particulière. Nous suivons avec lui les aventures des routiers de la SNTR qui devaient accomplir une mission essentielle : transporter des vivres aux villages isolés de l’extrême-sud algérien. C’est le contrepoint du film La croisière noire réalisé par Léon Poirier en 1925. Le film suit une expédition Citroën en autochenilles, un peu l’ancêtre du rallye Paris-Dakar… Mais ne revenons pas aux films coloniaux et attendons plutôt de voir ce que va nous offrir Brahim Tsaki de son désert. Un oubli. Toujours, on dit que le cinéma algérien est né dans les maquis. Faux. Le premier film algérien est un film réalisé dans le désert et, justement porte le titre Les plongeurs du désert. Le réalisateur est un certain Tahar Hannache. C’était en 1946. Nous y reviendrons.
Abdenour Zahzah El watan Edition du 27 septembre 2007 > Arts et Lettres

Expressions du désert-Roman : Un immense révélateur
Nous vivons avec l’un des plus grands déserts du monde. Même inconsciemment, cette présence influe sur nos comportements et inspire nos romanciers. Le désert a été et reste pour nos écrivains une source d’inspiration sans cesse renouvelée. Lieu magique ou déroutant, lieu des espaces infinis où l’on se perd, où l’on se trouve, c’est aussi le lieu de la rencontre avec Dieu.
Revenons un peu sur l’origine du mot qui peut nous éclairer sur la perception que l’on se fit ailleurs de ces étendues nues et arides. Désert vient du verbe latin desero qui signifie « abandonner », qui marque la séparation. Lorsque l’Afrique du Nord est devenue romaine, sous le règne de l’empereur Hadrien, des détachements de centurions surveillaient le trafic saharien et les tribus berbères insurgées dans les régions qui correspondent aujourd’hui à celles de Biskra et Laghouat. Et pourtant, ce territoire, appelé « zone torride », semblait complètement à l’écart. L’historien Pline l’Ancien le dit clairement : « La zone torride n’a jamais été soumise par Rome mais détachée du reste du monde, elle est vouée à la solitude par les excès de la Nature » (Histoire naturelle, II). Le climat, qui semblait insupportable aux Romains, ne pouvait convenir, selon eux, qu’à des créatures hors normes, seuls êtres vivants pouvant supporter ces températures. L’imagination allant bon train, le même Pline se laissa aller à des descriptions extravagantes de troncs sans tête, de pieds en lanières, de corps incohérents représentant une nature illisible à la logique romaine. Les écrivains algériens, quant à eux, ont une attirance particulière pour leur désert, le Sahara, qui va apparaître d’une façon ou d’une autre dans leurs écrits. Mohammed Dib ne manque pas de le souligner, lui qui attribue une importance primordiale au paysage qui nous a vu naître : « Les Algériens vivent avec, à leur porte, un des plus grands déserts du monde. Même s’ils l’ignorent, même s’ils l’oublient, il est là et non pas qu’à leur porte mais dans la sombre crypte de leur psyché. » (L’arbre à dires, Albin Michel, 1998). Au plus profond de nous-mêmes, dans cet endroit secret qui est à la fois lieu du repli et source de vie, nous gardons cette image d’infini et de beauté. Aux temps lointains, les caravanes s’organisaient pour traverser ces espaces arides où la survie dépend de la solidarité. Le beau livre de Djamel Souidi Amastan Sanhadji nous raconte (tome II. Ed. du Tell, 2004), comment les méharis sont dressés, comment la caravane se met en chemin et quelles embûches l’attendent en chemin. Car la traversée est difficile et les précautions indispensables. Des êtres de légende sont nés en ces lieux. C’est le cas de Tin-Hinan et l’auteur nous donne sa version de cette histoire sans cesse reprise et modifiée. C’était une princesse très chère à son père. Elle fit un songe merveilleux. Elle devait quitter sa demeure pour aller vers le pays du soleil levant où s’accomplirait sa destinée. En ce temps-là, nous dit le conteur, les hommes étaient proches de la nature. Aussi, obéit-elle sans hésiter malgré la douleur de laisser son père. Elle partit avec sa servante fidèle et trois chameaux. Elles cheminèrent longtemps, elles eurent faim et soif et ne durent leur salut qu’à une procession de fourmis qui transportaient des graines. Elles purent ainsi continuer et arriver là où le destin allait s’accomplir. La princesse épousa un guerrier noble et brave et de leur union naquit le peuple des Sanhadjas. Elle prit le nom de Tin-Hinan qui signifie pour certains « la voyageuse » et, pour d’autres, « celle des tentes » car elle eut de nombreux enfants et les tentes se multiplièrent autour de la sienne. Les histoires abondent de ces caravanes qui traversent le désert et emportent avec elles des rêves d’évasion et des regrets aussi. Elles laissent derrière elles des empreintes évanouies, traces de campements abandonnés, prétextes à la poésie et à l’évocation d’un amour perdu.
Se perdre, se retrouver
Mouloud Mammeri dans La Traversée (Plon, 1982) nous décrit la quête de Mourad, journaliste, qui se retrouve après une traversée du Sahara. Ses pérégrinations servent de révélateur et la vie des hommes libres, les Touareg, lui montre à quel point sa propre existence peut être étriquée. L’histoire s’achève tragiquement sur une plage. Rachid Boudjedra dans Timimoun (Denoël, 1994) nous raconte son désert à lui. Dans un car bringuebalant, un chauffeur, livré à ses réflexions solitaires, revoit son passé. De temps en temps, son regard est attiré par l’une des passagères, une jeune fille au regard bleu et au corps androgyne. Par intermittence, parviennent, par bribes les nouvelles du Nord, les morts, les attentats, toute cette horreur qui semble lointaine et comme atténuée par le désert que le personnage principal n’aime pas et semble même craindre : « Personne ne connaît la souffrance s’il n’a pas regardé du haut de l’Assekrem ce chamboulement cosmique qu’est le Hoggar. Cette désintégration lunaire où la rocaille, le sable, les dunes, les crevasses et les pics majestueux donnent envie de mourir tout de suite. Le Sahara c’est ce grabuge incroyable du monde. » Au terme de ce voyage qui le conduira surtout vers sa vérité, il se découvrira lui-même. Le désert sert de révélateur. C’est ce qu’exprime Mohammed Dib dans Le Désert sans détour, où l’on peut lire : « Le désert offre cette revanche cette autre particularité qu’on y marche vers soi-même et ainsi vers le malheur. » Plus tard, Boudjedra reviendra à la poésie non sans nostalgie et souffrance dans Cinq fragments du désert, (Barzakh, 2001) variations sur un poème de Saint John Perse. Habib Ayyoub imagine un désert encore plus désert, et dans le Gardien (Barzakh, 2001), il nous invite à une fable philosophique : un homme, perdu dans un ksar abandonné de tous, vit de ses souvenirs. Autrefois, il y avait une mer et comme vestige de ce passé révolu, un bateau, un yacht avec des voiles en lambeaux. Le sel envahit tout et ce chef suprême, perdu dans sa solitude, finit par mourir. Le désert est symbole de solitude. L’inanité des quêtes humaines et des récompenses, comme les décorations, tout se fond et se corrompt sous l’effet corrosif du sel qui attaque tout. Alors que reste-t-il ? Des médailles conservées précieusement dans une boîte, symbole d’une époque plus faste et de la reconnaissance de ses pairs. Il n’en subsiste que le ruban en plastique, rouge, vert et blanc, « le résumé de sa vie », réduit à néant. On aura compris qu’il s’agit surtout, sur fond de satire, de la vie algéroise, comme le prouvent certaines indications de lieux, d’une réflexion triste et amère sur la condition humaine et l’impuissance des hommes qui, parvenus au terme de la vie, contemplent avec un sentiment de vide ce que fut leur parcours sur terre. Dans tous ces ouvrages, les auteurs ont montré comment le désert permet une découverte de soi.
La quête mystique
Le désert est surtout le lieu des expériences mystiques où l’homme, rendu à sa condition d’être faible et contingent, mesure mieux la grandeur d’une puissance qui le dépasse. Les ermites choisissent d’y vivre pour mieux y méditer et réaliser leur quête d’absolu. C’est l’endroit où la parole de Dieu s’est fait entendre. Et c’est l’endroit où la source miraculeuse jaillit pour sauver Ismaël et sa mère Agar. « L’enfant Ismaël, chassé de la maison paternelle avec Agar sa mère, était sur le point de mourir de soif dans le désert ; alors elle l’a mis à l’abri du soleil dans un buisson, mais une source d’eau a jailli sous le talon d’Ismaël », nous conte Mohammed Dib dans l’Infante Maure (Albin Michel, 1994). Il nous semble alors retrouver en ces phrases simples une ultime vérité que plusieurs autres auteurs algériens ont recherchée, tels Tahar Djaout, Malika Mokaddem ou encore, dans la nouvelle génération d’écrivains, Chawki Amari. Le désert, lieu des vertiges et des mirages, est aussi pour l’écrivain, un miroir de sa création. Le désert se donne à lire « comme une page blanche qu’une nostalgie du signe consume », nous dit encore Mohammed Dib. Page blanche en attente du signe, page blanche de l’écrivain en proie aux difficultés de la création littéraire. Les écrivains algériens ne finissent pas de parcourir ces espaces porteurs de tant de rêves…
Amina Azza Bekkat El watan Edition du 27 septembre 2007 > Arts et Lettres

SAHARA CULTURE


Expressions du désert : Les sables émouvants
« Désert culturel » : voilà des mots qui ne font pas bon ménage. Pourtant le désert est empli de culture et, depuis longtemps déjà, il inspire fortement les écrivains et les artistes.
On a coutume d’associer le désert à la culture pour décrire une situation d’indigence culturelle. Pourtant, à bien y regarder, le désert est loin de mériter cet usage, étant lui-même un espace qui regorge de traditions culturelles orales ou artistiques. Ainsi, la présence d’un des plus vastes musées à ciel ouvert du monde, avec des peintures et gravures qui remontent à plus de dix mille ans, est déjà un élément important de cette dimension culturelle du désert. On pourrait citer de même toutes les expressions musicales, l’imzad ou encore les musiques targuies ou gnaouies qui nous sont parvenues du ou par le Sahara. Mais outre que le désert est lui-même lieu de cultures et d’art, il en est aussi, pourrait-on dire, l’objet représentant depuis les temps les plus reculés une source d’inspiration d’une puissance aussi forte que les mondes inconnus du cosmos. Il est une des plus grandes attractions de l’esprit humain et tous les créateurs ont, au moins une fois dans leur vie, envisagé la possibilité de traiter du désert. Les écrivains et peintres orientalistes qui recherchaient spécifiquement l’exotisme et qui pensaient l’avoir trouvé sur la rive sud de la Méditerranée se rendirent compte, en poussant plus loin leurs incursions, qu’il existait un autre univers, plus vaste, plus différent, plus propice encore à leurs fantasmes les plus fous. Par la suite, les cinéastes et photographes leur emboîtèrent le pas et donnèrent à cet élan la force de l’image mécanisée et de ses incroyables moyens de diffusion. On aurait pensé que la réalité des lieux diffusée par les reportages limiterait les légendes. Bien au contraire, celles-ci se sont multipliées avec le cinéma de fiction et notamment le succès extraordinaire en 1921 du film L’Atlantide (voir article La ruée vers le sable), tourné en Algérie comme de nombreux autres films relatifs au désert. Décor aux dimensions cosmiques, le désert ainsi que les mystères supposés ou réels de ses habitants n’ont pas cessé à ce jour d’offrir aux écrivains, poètes et peintres, un tremplin à l’imagination. Force est de constater que jusque-là, les étrangers ont plus produit que nous sur notre propre désert et que, de notre côté, à de rares exceptions, nos productions artistiques ou littéraires n’ont pas encore donné à ce lieu magique toute la lumière qu’il mérite.
Arts & Lettres
El watan Edition du
27 septembre 2007 > Arts et Lettres

18 sept. 2007

SAVOIRS SAHARIENS

Les manuscrits de Tombouctou révèlent l'Afrique scientifique.
En travaillant sur la conservation des dizaines de milliers d'ouvrages des bibliothèques de Tombouctou, au Mali, les chercheurs du programme international de sauvegarde des manuscrits ont découvert des livres qui révèlent une Afrique scientifique, en contact avec les savants orientaux.
« Le sel vient du nord, l'or vient du sud et l'argent du pays des Blancs, mais la parole de Dieu et les trésors de la sagesse ne se trouvent qu'à Tombouctou.»
En 2000, l’Unesco, l’agence des Nations unies pour l’Éducation, la Science et la Culture lance un programme de sauvegarde des manuscrits des bibliothèques de Tombouctou, au Mali.
Le projet consiste à identifier, collecter, numériser les centaines de milliers d’ouvrages, pour certains datant du XIIIème siècle, détenus par les bibliothèques publiques et privées de Tombouctou et de la région.
De nombreux gouvernements et institutions étrangères comme l’agence norvégienne de coopération universitaire, la Fondation Ford et le Smithsonian Institute se sont investis dans le programme de sauvegarde, qui est, par ailleurs, le tout premier projet culturel soutenu par le Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique).
À la fin de l'année 2007, une exposition de manuscrits se tiendra à Bamako, qui concluera la participation de l'Unesco au projet.
Le savoir de Tombouctou
Tombouctou a été longtemps le symbole d’une destination exotique et isolée pour les Européens.Mais pour tout le continent africain, elle était une ville au carrefour des commerces et des idées. Phare de l'enseignement religieux, philosophique, des cultures, au temps du Royaume de Songhaï (XIIème au XVIème siècle).
Les marchands arabes venaient à Tombouctou troquer le sel et d’autres biens contre l’or et l’ivoire. Dans leurs ballots, il y avait des livres dont la mosquée de Sankore et son complexe universitaire (25000 étudiants) étaient friands.
Des familles de la région possédaient aussi leurs propres bibliothèques. Elles commandaient la copie des livres à tout un petit peuple de scribes et de relieurs. D'autres ayant fui la Reconquista (la période de reconquête chrétienne espagnole du XIème au XVIème siècle) ont emporté avec eux à Tombouctou, les manuscrits des lettrés de Grenade (Espagne).
Entre 700 000 et 1 million de manuscrits
En 1964, l’agence des Nations unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (Unesco) s’intéresse pour la première fois aux bibliothèques de Tombouctou. Commence un vaste travail de collecte de textes dans les familles qu’il faut convaincre de léguer un « héritage familial ».
Environ 200 bibliothèques privées ont été identifiées mais les chercheurs savent qu’il faut continuer à prospecter dans les familles pour retrouver les trésors du savoir de Tombouctou.
En 2000, l’Unesco lance une nouvelle phase de son programme de sauvegarde qui inclut la formation de personnel local au travail de reliure et de conservation des manuscrits ainsi que leur numérisation.
Les manuscrits ont souffert du sable, du vent, de la chaleur, du feu, des termites, de la transpiration, des manipulations mais aussi du fer contenu dans les encres qui ont servi aux copies au XIXème siècle, de l’acidité du papier et de la corrosion par le métal des coffres dans lesquels ils étaient enfermés.
Entre les textes d’une seule et unique page et les ouvrages reliés de 500 pages, s’étale toute une histoire sociale, ponctuée de textes juridiques, contrats commerciaux (dont ceux de l’esclavage), sermons religieux,contes et poésies.
Les textes sont majoritairement rédigés en arabe. D'autres sont transcrits en langues nationales, en haoussa, songhaï.
La « science » africaine
Pour les chercheurs, la surprise a été de découvrir que de nombreux textes reflétaient les connaissances scientifiques développées entre le VIIIème et le XVIème siècle en Inde, en Chine, en Grèce et à Bagdad. Ce qui amène à une période antérieur à l'arrivée des Européen. Jusqu’à présent, on pensait que le continent africain était resté en dehors de l’influence de ce savoir, et que ce n’est qu’après la conquête européenne que les mathématiques et l’astronomie avaient pris souche.
En 2006, une équipe de chercheurs de l’Université du Cap (Afrique du Sud) s’est associée avec l’Université de Bamako (Mali) pour traduire des manuscrits. Leur objectif était de découvrir la profondeur des connaissances en mathématiques des savants de Tombouctou, de savoir si ceux-ci observaient les phénomènes astronomiques et quelles conclusions, ils en tiraient.
14 manuscrits sur les milliers qui les attendent ont déjà été traduits. L’un d’entre eux, écrit en 1723 par Abul Abbas, un érudit de Tombouctou, est un commentaire de plusieurs travaux réalisés par d’autres savants.

Trois cents ans après le traité de Copernic qui place le Soleil au centre de notre système de planète, le texte décrit un univers de planètes tournant autour de la Terre.« Ce texte prouve que les astronomes de Tombouctou n’étaient pas en contact avec leurs collègues européens », explique Thebe Medupe, le directeur sud-africain du projet « mais qu'ils tiraient leurs connaissances des travaux des savants des autres pays musulmans».
Les manuscrits contiennent les même concepts et les même erreurs que les textes orientaux. Les calculs mathématique et la géométrie utilisés à Tombouctou s'apparentent aussi à ceux utilisés par les érudits du Proche -Orient.
Pour Thebe Medupe, cette seule découverte est un énorme pas en avant. « Je crois que si les Africains sont sous-représentés dans les sciences aujourd’hui c’est parce qu’ils ne se sont pas vus dans les livres de sciences. Maintenant, ils pourront s’y retrouver ».
L'Arabie Saoudite a accordé le 14 août dernier une nouvelle donation à l'Institut des hautes études et des recherches islamiques Ahmed Baba de Tombouctou, qui détient près de 30 000 manuscrits. Dans la donation, un véhicule tout-terrain «pour aller chercher les manuscrits détenus par les familles».
RFI par Marion Urban Article publié le 21/08/2007

14 sept. 2007

22EME JOURNNE DU CILSS: MESSAGE AUX SAHELIENS

MESSAGE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, MONSIEUR SIDI MOHAMED OULD CHEIKH ABDALLAHI, PRESIDENT EN EXERCICE DU COMITE PERMANENT IN­TER ETATS DE LUTTE CONTRE LA SECHE­RESSE DANS LE SAHEL (CILSS)
«Sahéliennes, Sahéliens, Le 12 septembre de chaque année, la communauté sahélienne marque un temps de réflexion à l'occasion de la date anniversaire de la création de son organisation sous régionale, le CILSS. Le Comité Permanent Inter Etats de lutte Contre la Séche­resse dans le Sahel a été créé le 12 septembre 1973 pour faire face à la sécheresse et à la désertification qui menacent la survie de plus de 50 millions d'habitants peuplant le Sahel sur un espace allant du Tchad au Cap-Vert.La 22ème Journée du CILSS que nous commémorons cette année, est placée sous le thème:«Investir dans la lutte contre la désertification dans les zones arides».Sahéliennes, Sahéliens, La dégradation des terres, com­munément désignée sous le terme «désertification» est devenue un phénomène mondial, mais elle tou­che plus particulièrement l'Afrique. On estime qu'il y a environ 40 mil­lions de personnes menacées par la désertification en Afrique; ce chiffre doublera dans 25 ans, si la population continue à croître à son rythme actuel et si aucune action vi­goureuse n'est entreprise pour frei­ner ce processus. De plus, cette ten­dance devrait être accentuée sous ; l'effet conjugué, des migrations, des fluctuations des prix agricoles et, surtout, des changements clima­tiques.Au Sahel, la désertification se traduit essentiellement par un ap­pauvrissement et une dégradation continue, parfois irréversible, du potentiel biologique productif. Ailleurs, dans les zones plus hu­mides, ce sont les déboisements, la savanisation des forêts et la salini­sation des zones irriguées qui pré­dominent.Pourtant, les économies sahé­liennes reposent principalement sur l'exploitation des ressources naturelles. L'activité des hommes (production agricole et alimentaire, satisfaction des besoins énergéti­ques) et parfois même leur survie, dépendent en très grande partie, des réserves en ressources naturelles.prévenir la dégradation des terres et restaurer le capital naturel dégradéChez nous au Sahel, par exemple, dans le milieu rural, 95% des popu­lations exploitent des terres vulné­rables à la désertification, et parmi elles, 62%, soit plus de 27 millions de personnes, vivent en dessous du seuil de pauvreté. Cela a eu pour conséquence que la pauvreté et la dégradation des ressources naturel­les forment dans cette zone un cer­cle vicieux.Sahéliennes, Sahéliens, La dégradation des terres a un coût économique de près de 42 milliards de dollars par an et par pays, c'est-à-dire de l'ordre de 1 % à 9% par an du Produit Intérieur Brut agricole. Quant à son coût so­cial, il se manifeste par la pauvreté rurale, l'insécurité, les conflits et l'émigration de nos jeunes vers des horizons hypothétiques au péril de leurs vies.La gestion durable des ressources naturelles et de l'environnement s'impose comme la seule voie pos­sible pour les pays du Sahel, tant les atteintes à l'environnement ag­gravent la pauvreté et l'insécurité alimentaire, exacerbent les conflits d'accès et d'usage des ressources et alimentent l'instabilité sociale, po­litique et économique.L'effondrement écologi­que prédit n'a pas eu lieuC'est pourquoi, prévenir la dé­gradation des terres et restaurer le capital naturel dégradé devraient fi­gurer parmi les priorités nationales et internationales dans le contexte de la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le Développement.Sahéliennes, Sahéliens;Il me plait toutefois de rappelerque, malgré les plus sombres prévi­sions faites au moment des séche­resses des années 70 et 80 au Sa­hel, il n'y a pas eu l'effondrement écologique prédit, même si les éco­systèmes en Afrique de l'Ouest et, en particulier, au Sahel demeurent fragiles.En effet, face à cette crise, les pays du Sahel et leurs partenaires techniques et financiers ont initié d'importants programmes et projets de réhabilitation des terres dégra­dées. En outre, la plupart des pays ont entrepris des réformes régle­mentaires qui ont influencé les dé­cisions en matière d'investissement dans la gestion des ressources natu­relles.Sahéliennes, Sahéliens Aujourd'hui, nous avons la preu­ve que les efforts consentis par nos gouvernements, nos partenaires au développement et nos populations dans la récupération des terres dé­gradées au cours des trois dernières décennies sont à l'origine de chan­gements positifs tant du point de vue de la sauvegarde de l'environ­nement que des conditions socio­économiques des populations.Ces résultats montrent qu'il est écologiquement, économiquement et socialement rentable d'investir dans les terres arides et confortent notre conviction qu'il est possible de vaincre la désertification. Aussi pouvons-nous avec raison modérer notre discours pessimiste qui occul­te tous les importants acquis dans la lutte contre la désertification au Sahel.Il est écologiquement, économiquement et socialement rentable d'investir dans les terres aridesCes expériences réussies dans la lutte contre la désertification doi­vent être vulgarisées et portées à la connaissance des décideurs, des bailleurs de fonds et des populations pour encourager ceux-ci à poursui­vre les efforts d'investissement.Sahéliennes, SahéliensJe ne saurais .terminer mon propos sans exhorter vivement nos Etats, la Société Civile, le secteur privé et les partenaires au dévelop­pement à continuer de supporter les populations Sahéliennes dans leurs efforts de gestion durable des terres et de récupération des terres dégra­dées, condition sine qua non pour améliorer durablement la sécurité alimentaire et réduire la pauvreté rurale au Sahel.Je voudrais, enfin, remercier, au nom de toutes les Sahéliennes et de tous les Sahéliens, la Communauté Internationale pour le soutien mul­tiforme et constant qu'elle ne cesse d'apporter au CILSS et à ses Etats membres.
Vive le CILSS!
Vive la solidarité sahélienne!
Vive la solidarité internationale !
Je vous remercie».

JOURNEE DU CILSS

22 ème Journée du CILSS et 30è anniversaire de l’INSAH : Partager les acquis et investir dans la lutte contre la désertification dans les zones arides



















Les huit pays membres du Comité permanente inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le sahel (CILSS) - le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad, le Sénégal, la Gambie, la Guinée Bissau et le Cap Vert - ont célébré, hier 12 septembre, la 22e journée de cette organisation et en même temps, le 30e anniversaire de l'Institut du Sahel (INSAH). Cette double célébration placée sous le thème " investir dans la lutte contre la désertification dans les zones arides " a été marquée au Mali par une conférence-débat sur le thème et une journée porte ouverte sur l'INSAH à son siège à Badalabougou.Cette journée porte ouverte sur l'INSAH/CILSS- Mali, présidée par son Directeur général, Dr Amadou Moustapha et le Secrétaire permament du CONACILSS-Mali, Ibrahim Touré, avait pour objet de partager avec les nombreux participants, les résultats de années d'études et de recherches en focalisant sur la thématique de la désertification, mais surtout recueillir les réflexions sur la relance des investissements dans le domaine de la lutte contre la désertification qui constitue le thème de cette 22e journée du CILSS. Une organisation portée sur les fonts baptismaux le CILSS, le 12 septembre 1973, pour faire face à la sécheresse et à la désertification.En effet, la désertification qui se traduit par l'appauvrissement d'écosystème arides, semi-arides ou semi humides sous l'effet combinés d'activités naturelles et anthropiques, est devenue un phénomène mondial qui concerne 5,1 milliards d'hectares à travers le global. Le phénomène menace la survie de plus de 50 millions d'habitants du Sahel allant du Tchad au Cap-Vert. Un chiffre qui doublera dans 25 ans, si la population continue de croître à son rythme actuel et si aucune action vigoureuse n'est entreprise pour freiner ce processus. De plus, cette tendance devrait être accentuée sous l'effet conjugué des migrations, des fluctuations des prix agricoles et surtout, des changements climatiques.Au Sahel, la désertification se traduit essentiellement par un appauvrissement et une dégradation continue, parfois irréversible, du potentiel biologique productif. Ailleurs, dans les zones plus humides, ce sont les déboisements, la savanisation des forêts et la salinisation des zones irriguées qui prédominent. Pourtant, les économies sahéliennes reposent principalement sur l'exploitation des ressources naturelles. Ainsi, il ressort de l'allocution du président en exercice du CILSS, Sidi Mohamed Ould Cheich Abdallahi, également président de la Mauritanie, qu'en milieu rural, 95 % de la population du Sahel exploite des terres vulnérables à la désertification et parmi eux, 62 %, soit plus de 27 millions de personnes, vivant en dessous du seuil de pauvreté. Conséquence : la pauvreté et la dégradation des ressources naturelles forment ensemble un cercle vicieux.Et pourtant, la dégradation des terres a un coût économique de près de 42 milliards de dollars par an et par pays, soit 1 à 9 % par an du PIB agricole. La gestion durable des ressources naturelles et de l'environnement s'impose comme la seule voie possible pour les pays du Sahel qui doivent prévenir la dégradation des terres et restaurer le capital naturel.L'opération pluie provoquée bientôt sous-régionalePour faire face à cette crise, les pays du Sahel et leurs partenaires ont initié d'importants programmes et projets de réhabilitation des terres dégradées. En outre, la plus part d'entre eux ont entrepris des réformes réglementaires qui ont influencé les décisions en matière d'investissement dans la gestion des ressources naturelles. Aujourd'hui, dira le président en exercice du CILSS, les efforts consentis dans la récupération des terres dégradées au cours des trois dernières décennies sont à l'origine de changements positifs, tant du point de vue de la sauvegarde de l'environnement que des conditions socio-économique des populations." Ces résultats montrent qu'il est écologiquement, économiquement, et socialement rentable d'investir dans les terres arides et confortent notre conviction qu'il est possible de vaincre la désertification. Il est temps, aujourd'hui de changer notre discours pessimiste qui occulte tous les importants acquis dans la lutte contre la désertification au Sahel " a-t-il expliqué.Le thème "investir dans la lutte contre la désertification dans les zones arides " a été exposé au cours de la journée par Khassoum Dieye, expert CILSS. Celui-ci a parlé, en long et en large, de la désertification et a mis un accent particulier sur les expériences réussies de restauration de l'environnement dans certains pays comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Au terme des discussions et des échanges, les participants ont souhaité que l'on fasse plus confiance à nos experts en matière de lutte contre la désertification, que nos pays investissent davantage dans la recherche, qu'ils adoptent une approche globale de lutte.L'opération pluie provoquée a été au centre des débats. Certains intervenants ont jugé utile l'utilisation de l'argent investis dans cette opération pour la maîtrise de l'eau alors que d'autres ont jugé l'idée pertinente. C'est le cas de Dr Amadou Moustapha qui dira d'ailleurs que le CILSS est en train de bâtir un grand projet sous-régional autour de l'opération pluie provoquée qui a donné des résultats jugés satisfaisants au Mali et au Burkina Faso.
L'INSAH, une réalité active du paysage sahélien













Lors de sa 8e session ordinaire en décembre 1977, le Conseil des ministres du CILSS a adopté les textes de l'INSAH devant ainsi une de ses institutions spécialisées. Il a pour mandat, de coordonner, d'harmoniser et de promouvoir la recherche scientifique et technique dans les domaines de l'agriculture, l'environnement, les marchés et les questions de population et de développement durable. Devenu une réalité active du paysage sahélien, l'INSAH, selon son Directeur général, a mené diverses activités en vue de garantir la sécurité alimentaire, une meilleure maîtrise de l'eau, une meilleure croissance des milieux humains et la restauration de l'espace sahélien.Actuellement, l'institut mène des activités sur les questions de réglementation de biosécurité, les pesticides, les semences, l'interrelations population et sécurité alimentaire, l'intégration régionale de la recherche agricole et la diffusion de l'information scientifique et technique à travers son site web www.insah.org.Au cours d'une exposition, les responsables de l'INSAH - Mali ont mis un paquet d'informations à travers des affiches et des publications à la disposition des participants. Youssouf CAMARA L'Indépendant - 13/09/2007

12 sept. 2007

Ouverture de la réunion ministérielle contre la Désertification à Madrid
Plusieurs ministres africains en charge de l’environnement sont arrivés au Palais des Congrès de Madrid, où ils prononceront mercredi après-midi leurs allocutions à la tribune de la 8ème conférence des parties à la convention des nations unies sur la lutte contre la désertification (COP8), dont les travaux ont débuté depuis le 3 septembre dernier, dans la capitale espagnole.Le segment de haut niveau de la COP, que constitue la réunion ministérielle,« va se prononcer sur tous les points inscrits à l’ordre du jour de la conférence » indique un communiqué de la COP8.Il s’agit notamment de l’examen du plan stratégique décennal qui doit accélérer la mise en œuvre de la convention sur la lutte contre la désertification ainsi que de la définition d’un plan pour « déterminer les prochaines étapes de son opérationnalisation ».Les ministres examineront et adopteront ensuite le budget du Secrétariat de la convention des nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), les travaux du comité de la science et de la technologie et du groupe de contact sur la révision de la convention.Auparavant les ministres africains ont eu des entretiens informels avec les représentants des organismes du système des Nations unies, des Organisations intergouvernementales sous régionales, ainsi que des délégués de la société civile.Ils se sont également imprégnés des différents rapports issus des travaux de la première semaine de la COP et ont reçu la restitution des discussions liées notamment au plan stratégique décennal, pierre angulaire des débats à cette conférence.La plénière de la COP8 suivra également une allocution du nouveau secrétaire exécutif de l’UNCCD, le béninois Luc-Marie Gnacadja est également à Madrid. (12/09/2007)

DESERTIFICATION

22ème journée du CILSS: Environ 40 millions de personnes menacées par la désertification en Afrique
Le ministre du Développement Agricole, M. Mahaman Moussa, a lu, hier matin, au nom du Président de la République Islamique de Mauritanie, SEM Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, en sa qualité de Président en exercice du Comité Permanent Inter Etats de Lutte Contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS), un message à l'occasion de la célébration de la 22ème journée de ce comité. Le thème retenu cette année pour la célébration de cette journée est : “investir dans la lutte contre la désertification dans les zones arides”.Dans son message, le président en exerce du CILSS, a indiqué que la dégradation des terres, communément désignée sous le terme " désertification " est devenue un phénomène mondial, mais elle touche plus particulièrement l'Afrique. On estime qu'il y a environ 40 millions de personnes menacées par la désertification en Afrique ; ce chiffre doublera dans 25 ans, si la population continue à croître à son rythme actuel et si aucune action vigoureuse n'est entreprise pour freiner ce processus. De plus a-t-il ajouté, cette tendance devait être accentuée sous l'effet conjugué des migrations, des fluctuations des prix agricoles et surtout, des changements climatiques. Le président en exercice du CILSS a ensuite précisé qu'au sahel, la désertification se traduit essentiellement par un appauvrissement et une dégradation continue, parfois irréversible, du potentiel biologique productif. Ailleurs dans les zones plus humides, ce sont les déboisements, la savanisation des forêts et la salinisation des zones irriguées qui prédominent. Pourtant, relève-t-il, les économies sahéliennes reposent principalement sur l'exploitation des ressources naturelles. L'activité des hommes (production agricole et alimentaire, satisfaction des besoins énergétiques) et parfois même survie, dépendent en très grande partie des réserves en ressources naturelles. Chez nous au sahel, a ajouté SEM Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, dans le milieu rural, 95% de la population exploitent des terres vulnérables à la désertification, et parmi eux, 62%, soit plus de 27 millions de personnes, vivent en dessous du seuil de pauvreté. La dégradation des terres, a selon le président en exercice du CILSS, un coût économique de près de 42 milliards de dollars par an et par pays, c'est-à-dire de l'ordre de 1% à 9% par an du produit intérieur brut agricole. Quant à son coût social, il se manifeste par la pauvreté rurale, l'insécurité, les conflits et l'émigration de nos jeunes vers des horizons hypothétiques au péril de leurs vies. La gestion durable des ressources naturelles et de l'environnement s'impose comme la seule voie possible pour les pays du sahel, tant les atteintes à l'environnement aggravent la pauvreté et l'insécurité alimentaire, précipitent les conflits d'accès et d'usage des ressources et alimentent l'instabilité sociale, politique et économique. Aujourd'hui, devait ajouter SEM Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdoullahi, nous avons la preuve que les efforts consentis par nos gouvernements, nos partenaires au développement et nos populations dans la récupération des terres dégradées au cours des trois dernières décennies sont à l'origine de changements positifs tant du point de vu de la sauvegarde de l'environnement que des conditions socio économiques des populations. Ces résultats, a indiqué le président en exercice du CILSS, montrent qu'il est écologiquement, économiquement et socialement rentable d'investir dans les terres arides, et conforte notre conviction qu'il est possible de vaincre la désertification. " Il est temps aujourd'hui de changer notre discours pessimiste qui occulte tous les importants acquis dans la lutte contre la désertification au sahel. Ces expériences réussies dans la lutte contre la désertification doivent être vulgarisées et portées à la connaissance des décideurs, des bailleurs de fonds et des populations pour les exhorter à poursuivre les efforts d'investissement "; at-il conclu.
Oumarou Moussa Le Sahel Quotidien 12/09/2007