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BIENVENUE AU SAHARA, AIRE DE LIBERTE

"Le désert est beau, ne ment pas, il est propre." Théodore MONOD.



8 janv. 2008


SAHARA, LA TENTATION DES DUNES
Point-Afrique met le grand sud algérien à portée de Marseille, là où le sable rouge des grands oueds raconte le souvenir des méharées de Charles de Foucault.
Au cœur du Sahara, dans l’avancée du désert du Niger et de l’Akakus libyen, la paisible oasis de Djanet fondée par les Touaregs ignore tout de l’agitation de la capitale algérienne si lointaine. 2300 km et une forte identité nomade les séparent.
Plus petite que Tamanrasset (400 km plus au sud), Djanet est une douce palmeraie. La capitale du Tassili est peuplée de 16.000 habitants et de 30.000 palmiers. L’Unesco finance la réhabilitation de la belle casbah un peu dégringolante. On y parle le Tamachèque, la langue des Touaregs qui roule désormais en 4x4 mais qui gardent leurs chèches multicolores. Djanet est le point de départ vers trois plateaux légendaires, le Tassili des Ajjer, le Tassili du Hoggar et le Tadrart rouge vers lequel Mustapha, un guide hors pair de l’agence Tissoukaï nous dirige.
Le désert à 2h20 de la CanebièreUn premier bivouac dans l’Oued Innoire avant de découvrir les gravures néolithiques de Tisetka. Et au soleil couchant, comme une récompense, les dunes orangées de Moulenaga déroulent le ruban spectaculaire de leur crête. Le désert n’est plus un imaginaire. Il est à la portée de tout le monde.
Animé par son fondateur Maurice Freund de la volonté de rééquilibrer les rapports nord-sud, le voyagiste Point-Afrique est un des grands développeurs de circuits subsahariens et même sahélien. Une coopérative éthique. Un Airbus A320 d’Air Méditerranée vous dépose sur une piste au milieu du sable à 40 km de Djanet. Nous sommes à 2h20 de la Canebière.
Douze circuits originaux sont proposés sur le catalogue en ligne, de la découverte initiatique à dos de chameaux aux itinéraires pour marcheurs audacieux. Que dire pour débuter d’une méharée de huit jours le long des vertigineuses falaises en grès du Tassili. Il faudra franchir des barrières de sable, traverser le déploiement féerique de regs caillouteux, des ergs de sable. Le Sahara est une somme de surprises. A l’image de la guelta d’Essendilène au sortir d’un étroit canyon. Ce grand classique est proposé à 550 euros, vol compris.
Des vaches qui pleurentUne colonne de marcheurs et d’ânes gris progresse dans le grand canyon de Tamrit. C’est le circuit des érudits. Cinq mille fresques rupestres sont recensées dans ce musée à ciel ouvert. Ces singulières représentations pariétales du néolithique subsaharien racontent un paradis perdu. Des bandes dessinées murales de chasseurs Peuls au teint cuivré coursant, lances en main, des bœufs. Le bestiaire est singulier : des girafes, des gazelles, des éléphants, des chevaux au galop et même ces vaches de Tegharghart qui pleurent entre 6000 et 10.000 avant JC. Des larmes pour faire venir l’eau, disent certains. Voilà trois ans qu’il n’a pas plu. Mina, la Manon des sables, mène une cinquantaine de chèvres vers un point d’eau... vide. Un camion de Djanet devrait venir remplir la citerne en béton.
Le ciel saharien vire au topaze quand le soleil s’incline. Moment intense. Pour beaucoup de marcheurs c’est le point d’orgue d’un réveil intérieur. Un ciel, un arbre, un caillou, du sable. Une image épurée, zen qu’aurait si bien décrite Carson Mc Cullers. Car à cet instant la majesté déjà saisissante du panorama explose dans toute sa beauté minérale. Qui ne songe, dans la descente du plateau de l’Akba Aghoum, quand le croissant de lune s’élève dans le bleu cosmique à l’épopée des pères blancs guidés par Charles de Foucault, aux déambulations à dos de chameau ou en 2CV de Roger Frison-Roche sur sa “piste oubliée”. Et cette silhouette voûtée au loin, ne serait-elle pas celle de Théodore Monod nous disant que “parler du désert, ne serait-ce pas, d’abord, se taire, comme lui ?”
C’est bivouac. Ne cherchez pas de quatre étoiles. Il n’y a que la grande Ourse. Le luxe hôtelier n’est pas dans la philosophie de Point-Afrique. Une tente ou un matelas de mousse sur le sable. Les guides touaregs creusent dans le sable pour y poser leur duvet indispensable pour les frileux de l’aube. Au réveil, on pourra être surpris par le nombre et l’étrangeté des traces autour du bivouac. Des noctambules sont passés : gerboises, fennecs, chiens sauvages parfois, scarabées et crickets. Pour sa toilette, pas d’eau mais des lingettes hygiéniques qu’on prend soin de brûler.
Les 4x4 sont équipés en Jerrycans pour rester autonomes aussi bien en essence qu’en eau pour une à deux semaines. Les nomades, fort discrets sur le sujet, connaissent toujours des points d’eau dans des canyons ou au fond d’oueds, là où le gibier vient la nuit s’abreuver.
Théodore Monod : “parler du désert, ne serait-ce pas, d’abord, se taire, comme lui ?”
A chaque campement, le cuisinier s’affaire pour composer un repas traditionnel simple et nutritif. Des crudités le midi à partir des légumes cultivés dans l’oasis de Djanet. Le soir, souper de chorba de blé, galette cuite sous la braise et émiettée avec de la viande. Mustafa le guide, c’est un peu l’aménokal (seigneur touareg) du thé servi mousseux, trois fois de suite, dans la tradition touarègue. Point Afrique a à cœur d’associer les populations locales à l’essor touristique. Et ce n’est pas une feinte de marketing que de prendre parmi les Touaregs ses guides, ses chauffeurs, ses piroguiers, ses cuisiniers, ses chameliers. Ses guides, en particulier ceux de l’agence Tissoukaï, possèdent une parfaite connaissance de leur pays. C’est d’ailleurs parfaitement insolite de les observer s’orienter dans l’immensité et l’incomplétude du désert. Les nuits étoilées valent le dernier GPS. On réalise bien vite que c’est en toute sécurité que l’on voyage. Les 4x4 sont tous équipés de téléphone satellite et de trousses de première urgence. La décennie de guerre civile n’a pas atteint Djanet ni sa voisine Tamanrasset. Le désert a imposé son rythme.
Parvenu aux dunes vertigineuses de Tin Merzouga à 300 km au sud de Djanet, c’est un panorama unique, point de vue sur les dunes libyennes et le Niger. L’ascension d’une de ces pyramides de sable rouge haute de 300 mètres est essoufflante. Le sable pénètre jusque dans les chaussettes. Pour les inquiets, c’est garanti sans sable mouvant. Et si l’on a le souffle coupé, c’est aussi par ce que le spectacle en haut des crêtes est unique au tomber du soleil. On n’est jamais au bout de ses surprises et s’il est une leçon du désert, c’est bien celle là, tant il est protéiforme, multiple et toujours fantastique. La plaine blanche de l’erg Admer vous donnera l’impression d'être un Neil Amstrong sans l’apesanteur. On n’est pas très loin non plus du décor de la Guerre des Etoiles face à ces immenses pitons de grès de Tinamali comme surgis du sable dans la nuit. Et puis cette plaine de sable qui s’étend à l’infini, tel un océan calme, tourmenté par ces gigantesques tas de pierres, comme si le bon dieu venait de passer un coup de balai. “Vous avez l’heure, nous avons le temps” semblent dire les pierres aux hommes qui marchent, perdus dans leur rêverie, sous le soleil exactement. La Marseillaise Reportage David Coquille Photos: D.C

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